La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Le Cirque contemporain en France

L’adrénaline du risque

L’adrénaline du risque - Critique sortie
© D. R.

Cirque et risque / témoignage Propos recueillis

Publié le 11 novembre 2014

Acrobate, Chloé Derrouaz s’est formée au Centre des Arts du Cirque de Lomme et à l’école de cirque de Stockholm. Elle pratique la bascule coréenne, un agrès de voltige à haut risque.

« La responsabilité face au risque est collective. »

« Je travaille avec différentes compagnies, et notamment avec La Grosse B, collectif de sauteurs à bascule. La bascule coréenne est un agrès qui permet de se propulser avec le poids de l’autre. C’est une discipline collective très risquée, où on n’est pas longé, et dans laquelle il faut énormément d’écoute et une capacité de se comprendre en très peu de temps : lorsque l’un est en danger en l’air, il faut savoir réagir de façon adaptée pour le rattraper. La personne en l’air n’est pas la seule à prendre des risques : ceux qui sont en face, autour, peuvent lui sauver les jambes ou la vie. La responsabilité face au risque est collective. Les accidents touchent souvent les jambes : entorses, fractures, déchirements, arrachements osseux ; mais une mauvaise réception peut aussi blesser l’épaule, le dos, les cervicales…

Le risque et la peur font partie du jeu

Je me suis fracturé les cervicales deux fois, dont une fois, assez gravement, à l’école du cirque de Stockholm. Depuis, une plaque me soude deux vertèbres ; je suis un peu moins souple, mais j’ai pu reprendre les sauts au bout de deux ans. En attendant, j’ai donné des cours, j’ai joué, j’ai aidé à monter des cabarets. Pourquoi prendre de tels risques ? On se pose régulièrement cette question. Dans la vie la prise de risque est essentielle, elle fait avancer ; dans le cas du cirque, elle s’ajoute à l’adrénaline, qui est une véritable drogue. En plus, le sentiment d’être avec les autres, que chacun est nécessaire et indispensable à la bonne réalisation de la figure en sécurité, est une sensation complètement unique. J’ai très souvent peur, mais ça fait partie du jeu, et il faut apprendre à gérer cette peur. D’ailleurs, on a souvent davantage peur pour les autres : j’ai plus peur de faire mal aux autres qu’à moi-même. En étant régulier dans le travail, la peur et le risque s’amenuisent. Cela suppose un entraînement presque quotidien et un régime qui ressemble souvent à celui des sportifs : le corps finit toujours par nous faire payer les écarts ! Et il faut aussi se voir très régulièrement avec les autres artistes du collectif, pour garder l’écoute : si incompatibilité humaine il y a, il faut savoir la gérer, car elle aura forcément des répercussions sur la vie du spectacle. »

 

Propos recueillis par Catherine Robert

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