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“In a Corner the Sky Surrenders” le solo mythique de Robyn Orlin

“In a Corner the Sky Surrenders” le solo mythique de Robyn Orlin - Critique sortie Danse
Crédit : Ida Jakobs Légende : Marta Izquierdo Muñoz dans In a Corner the Sky Surrenders – Unplugging Archival Journeys # 2 (for Marta <3) de Robyn Orlin

Tournée en construction / Chor. Robyn Orlin / Marta Izquierdo Muñoz

Publié le 27 février 2024

Robyn Orlin transmet son solo mythique né en 1994 dans les rues de Manhattan à la danseuse et chorégraphe espagnole Marta Izquierdo Muñoz. Son titre devient In a Corner the Sky Surrenders – Unplugging Archival Journeys # 2 (for Marta <3).

In a Corner the Sky Surrenders (Dans un coin le ciel capitule), premier travail de Robyn Orlin, a été créé à New York dans le quartier de Lower East Side. Il raconte la vie des SDF et leurs mécanismes de survie. Ce solo dans une boîte en carton, qui se plie et se déplie dans une profusion de gestes, mêle inventions farfelues, dénonciations ironiques et franches provocations. Quelques années plus tard, à Berlin, ces habitacles de fortune lui reviennent en mémoire. La chorégraphe sud-africaine décide alors de transmettre ce solo. À Montpellier en 2022, ce fut Nadia Beugré. À Toulouse en 2024, c’est Marta Izquierdo Muñoz. Bien entendu, elles sont radicalement différentes. La pièce aussi. Même s’il reste quelques fondamentaux, à savoir le carton d’un réfrigérateur, et le petit train électrique qui tourne à l’avant-scène et nous raconte tous les exils, voire pire, puisque l’on entend au début Different Trains (1988) de Steve Reich, qui évoque les trains de déportés. N’oublions pas que Robyn Orlin est fille d’émigrés juifs lituaniens. C’est bien à cet endroit, où l’impact du fascisme retentit sur la sphère intime, que Robyn et Marta se rejoignent, cette dernière ayant quitté l’Espagne pour fuir l’héritage de la dictature de Franco.

Tout en carton

C’est tout cela que l’on ressent en regardant Marta Izquierdo Muñoz s’emparer de ce solo. Elle conjugue de façon magistrale la solitude du dépaysement aux signes culte et kitsch de la Movida madrilène de l’après dictature, ou à un personnage marginal de son quartier de Carabanchel. Des chiens aboient. Le petit train passe. Et deux canidés / chaussons en peluche rose sortent comme des marionnettes de cette boîte. Ils vont donner le ton de ce nouveau solo, radicalement hurluberlu, foncièrement engagé, absolument poétique. Marta s’extrait de son carton, dans une improbable tenue « total léopard », le tout agrémenté d’un boléro en fausse fourrure fuschia. Il y a du Toréador et de l’Espagnolade dans l’air, tandis que bras et jambes esquissent les poncifs du flamenco… Avant que tout ça ne vrille dans une gestuelle totalement folle, sur des rythmes vaguement militaires, ou qu’elle chante (très bien !) ou encore qu’elle attrape une grappe de raisin descendue des cintres, mi-Faune, mi-Bacchus. Alors se déplie le carton sur lequel apparaissent des petites loupiotes éclairant un fond bleu ciel comme autant d’étoiles. Plus la représentation avance, plus elle prend des airs de fête. Tout y est délirant. Et pourtant tout fait sens. Ce spectacle qui raconte à moitié la vie de Robyn, à moitié celle de Marta, est une réussite totale.

Agnès Izrine

A propos de l'événement

In a Corner the Sky Surrenders


Tél. : 05 62 48 54 77.

Spectacle vu le 29 janvier. Durée 1h. Présenté avec La Place de la Danse, CDC Toulouse-Occitanie. Tournée en construction.

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