Festival Extradanse à Strasbourg par Pôle Sud

Difficile de dégager une unité dans les propositions d’Extradanse : on va de la culture pop à la danse urbaine, de l’autoportrait aux variations sautillées, jusqu’à la course de relais ou à la transe. Parmi les 12 pièces de la programmation, le « faux solo » de Martin Schick est à regarder de près. Dans Halfbreadtechnique, le performeur suisse pousse l’interactivité avec le public à son paroxysme, jusqu’à se dépouiller lui-même : se dépouiller de son propre spectacle, de son propre salaire, de ce qu’il possède… En effet, il invite une personne du public à partager la performance avec lui moyennant d’abord la moitié de son salaire, puis une autre avec la moitié de ce qui lui reste, etc.

Ironie et regards sur le monde

Cette « technique du demi-pain » n’est pas vraiment un gagne-pain pour l’artiste. Mais c’est une façon des plus originales et pertinentes de montrer une des facettes de la société de consommation, de pointer du doigt la notion de redistribution des richesses, à travers notamment l’économie du spectacle vivant… et une bonne dose d’absurde ! Beaucoup d’autres projets de cette programmation conjuguent ce brin de folie et ce sens de l’engagement – du corps ou du propos. Le Striptease de Père Faura mêle critique et ironie, les Accusations d’Ann Van den Broeck portent bien leur nom, et le regard de Barbara Matijevic et Giuseppe Chico sur la grande toile d’internet est drôle et inquiétant.

Nathalie Yokel