Festival Conversations au CNDC d’Angers
Gros plan
Publié le 22 février 2022Première édition d’un festival imaginé par Noé Soulier, directeur depuis 2020 du Centre National de Danse Contemporaine d’Angers : place à une danse qui n’a pas peur de se décoiffer, qui déborde de mouvement et éprouve le corps jusqu’au bout.
Entre spectacles, films de danse, rencontres, et fête, c’est Noé Soulier lui-même qui ouvre la programmation, en offrant quelques Passages au Musée Jean Lurçat. Le directeur du Centre Chorégraphique National déploie l’énergie de six danseurs dans des lignes qui sauront résonner avec l’architecture du lieu. L’énergie semble en effet être le dénominateur commun des spectacles de ce premier festival qui fait la part belle aux écritures venues de la danse urbaine comme de la danse contemporaine. Entre le fameux A bras-le-corps de Boris Charmatz et Dimitri Chamblas (1993), et la nouvelle création de Brigel Gjoka et Rauf « RubberLegz » Yasit Neighbours, de nombreuses années se sont écoulées, qui n’ont pas entamé l’envie de creuser une histoire questionnant les influences, où plane notamment la figure tutélaire de William Forsythe. Et l’on se promène d’une physicalité brute à une friction qui mêle danse classique, danse contemporaine, hip hop et réminiscences traditionnelles.
Un festival tout en passerelles et résonnances
Autre correspondance intéressante : la house d’Ousmane Sy avec Queen Blood, qui fut en France le précurseur et l’ambassadeur de ce style, dialogue avec celle de Cassiel Gaube, jeune chorégraphe inspiré lui aussi des travaux de William Forsythe dans Soirée d’études, tout en déconstruction. Certaines propositions confinent à l’idée de transe, dans un élan explosif, proche d’un rituel. C’est le cas de Mette Ingvartsen, qui dans sa nouvelle création The dancing public nous parle de contagion par le mouvement. Ou du danseur Washington Timbó accompagné des musiciens du groupe Mamba de la Suerte, tout à leur cérémonie intitulée Futuro, inspirée par la religion brésilienne du candomblé. La belle salle du Quai à Angers sera également magnifiquement habitée par des pièces telles que une maison, de Christian Rizzo, avec son ciel de néons suspendu au-dessus d’un monticule de terre, ou par la dernière création de Meg Stuart, Cascade, dans une scénographie de Philippe Quesne, où d’énormes coussins occupent l’espace avec une rampe de skate, donnant aux sept danseurs l’élan et le rebond nécessaires à un chaos chorégraphié en résonnance avec le monde.
Nathalie Yokel
A propos de l'événement
Festival Conversations au CNDC d’Angersdu jeudi 3 mars 2022 au samedi 12 mars 2022
Tél. : 02 41 22 20 20