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Enseigner dans un conservatoire supérieur

Enseigner dans un conservatoire supérieur - Critique sortie
© D. R.

Publié le 10 octobre 2009

Depuis 1998, Bernard Cazauran est professeur de contrebasse au Conservatoire National Supérieur de Musique (CNSM) de Lyon. Il nous fait part de son expérience pédagogique au sein de cette institution.

Comment voyez-vous le rôle de professeur dans un CNSM ?
Bernard Cazauran :
Le but est d’apprendre aux élèves à se révéler, à être eux-mêmes. Ils doivent pouvoir devenir autonomes musicalement. Les élèves qui entrent au CNSM ont déjà une pratique importante de leur instrument, d’une dizaine d’années environ. Le niveau est donc très élevé au départ, en particulier d’un point de vue technique. Comme dans toutes les grandes écoles, on en sort toujours, mais on y entre difficilement.

Quelles sont les conséquences de la réforme du LMD (Licence-Master-Doctorat) pour le CNSM ?
B.C. :
Le cursus est désormais de cinq ans. Au bout de trois ans, les élèves passent une licence et ils ont encore deux ans pour obtenir un master. On peut éventuellement faire ce cursus en quatre ans. Pour moi, cette réforme est un nivellement par le bas. Auparavant, l’enseignement du CNSM était sans doute élitiste mais cela donnait des interprètes de premier plan. Je ne suis pas contre le fait que dans le cadre du LMD les élèves soient amenés à apprendre d’autres matières, à devenir plus cultivés. Mais on ne doit pas perdre de vue qu’un étudiant doit étudier son instrument entre cinq et six heures par jour. J’ai peur que cette réforme aboutisse à un niveau moyen de tous les élèves.

« La réforme du LMD est un nivellement par le bas »

Quels sont les contacts entre le CNSM de Lyon et le CNSM de Paris ?
B.C. :
J’ai de fréquents contacts avec mes collègues parisiens. Nous échangeons d’ailleurs régulièrement nos classes, ce qui est vraiment profitable pour les élèves, qui peuvent ainsi recevoir un autre enseignement. Je développe aussi des échanges avec des conservatoires en Allemagne ou en Italie. Globalement, les contacts entre les deux CNSM dépendent des classes, c’est-à-dire de la volonté des professeurs.

Comment voyez-vous l’avenir des jeunes musiciens que vous formez ?
B.C. :
Le contexte peut bien sûr inciter au pessimisme. Mais en même temps, je constate que tous mes anciens élèves ont trouvé du travail. Je conseille souvent à mes étudiants de ne pas se limiter à vouloir entrer dans un grand orchestre, ce que j’ai fait personnellement (ndlr : Bernard Cazauran est contrebasse solo de l’Orchestre de Paris), mais de développer des projets personnels. Le fait de jouer de la contrebasse permet de jouer des musiques très différentes : du classique, mais aussi du tango, du yiddish…

Que pensez-vous de la formation, en France, au métier de musicien d’orchestre ?
B.C. :
Le problème ne se situe pas au niveau du CNSM mais dans les premières années d’apprentissage. Dans les pays anglo-saxons ou germaniques, les enfants sont amenés à jouer en groupe dès qu’ils arrivent à faire une note sur leur instrument. Ils sont donc habitués à se mélanger, à s’écouter. En France, l’apprentissage est trop individualiste. Dans ma classe au CNSM, je demande à mes élèves de toujours assister aux cours de leurs camarades. On apprend beaucoup en s’écoutant mutuellement.

Propos recueillis par Antoine Pecqueur

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