La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

La formation théâtrale en France

Elargir la palette des compétences des intermittents

Elargir la palette des compétences des intermittents - Critique sortie

Publié le 10 mars 2011

Fonds d’assurance formation des secteurs de la culture, de la communication
et des loisirs, l’AFDAS est agréé par l’Etat pour collecter les fonds relatifs à
la formation continue et répondre aux demandes de stages. Jean-Yves Boitard
revient sur les enjeux et les limites de l’enseignement professionnel destiné
aux comédiens intermittents.


En quoi, selon vous, les comédiens forment-ils un public spécifique vis-à-vis
de la formation continue ?

Jean-Yves Boitard : Contrairement aux autres salariés qui expriment leur
demande de formation continue à leur employeur, donc durant une période
d’activité, les comédiens, comme tous les autres intermittents du spectacle,
s’adressent directement à nos services. Et ils le font entre deux contrats,
alors qu’ils sont à la recherche de nouveaux rôles, de nouveaux engagements.
Ainsi, afin de les aider au mieux à constituer leur demande de financement, il
nous faut identifier leurs besoins en termes de formation de façon extrêmement
précise. Pour cela, nous essayons toujours de nouer avec eux un contact concret
et pragmatique, un contact le plus personnalisé possible.

Généralement, de quelle nature sont les besoins des comédiens qui prennent
rendez-vous avec vos conseillers ?

J.-Y. B. : Il y a différents cas de figure. Certains viennent nous voir
avec une demande très précise, un point technique sur lequel ils souhaitent
travailler. Et puis parfois, malgré une formation initiale de grande qualité,
l’intermittent qui se trouve en face de nous éprouve de grosses difficultés à
trouver du travail. Dans ce cas-là, il arrive qu’il s’adresse à nos services
davantage pour rencontrer les metteurs en scène qui animent les stages, que pour
acquérir les notions sur lesquelles on lui propose de travailler. Or, l’idée
n?est évidemment pas de transformer les stages gérés par l’AFDAS en castings,
mais de travailler sur les lacunes des stagiaires, d’élargir la palette de leurs
compétences. Il faut être très clair, les budgets de la formation
professionnelle n?ont aucunement vocation à entrer dans une quelconque démarche
de préproduction.

« Il ne faut pas que la formation professionnelle soit une béquille pour des
comédiens en difficulté… »

Quelles sont, pour vous, les limites de cette formation continue ?

J.-Y. B. : Je crois qu’il ne faut pas que la formation professionnelle
soit une béquille pour des comédiens en difficulté, mais un outil susceptible de
les accompagner tout au long de leur parcours. Ceux qui imaginent que nos stages
peuvent pallier tous les obstacles qu’ils rencontrent au quotidien se leurrent.
La formation professionnelle ne doit pas être une forme de thérapie. Les
intermittents du spectacle sont des personnes qui ont choisi une voie de
l’insécurité, une voie qui pousse à se remettre perpétuellement en question. Je
suis pleinement conscient que cela n?est pas facile à gérer. Pourtant, je ne
pense pas que la formation soit en mesure de régler ce genre de difficultés. Ce
n?est pas un stage de trois semaines sur Shakespeare qui va apporter à un acteur
ne travaillant pas de manière régulière depuis des années des réponses de fond
sur sa situation professionnelle.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

 

A propos de l'événement


x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le spectacle vivant

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le spectacle vivant