Ohad Naharin contamine la danse de sa force pulsionnelle dans « Naharin’s virus ».
Calligraphie des corps et force du texte, [...]
La création de Wim Vandekeybus campe les infâmes et célèbres rejetons que sont les dieux de l’Olympe. Un spectacle total d’une vitalité rare qui plonge aux racines de la mythologie grecque.
Le buste d’un homme tout argent et armure apparaît sur grand écran à jardin. C’est Israel Galvan. De clics en claques, de frappes en tapes sur la table qui l’entrave et occulte tout le bas de son corps, émerge un langage plein de mystère, qui donne le rythme de la pièce à venir. On le croit Hadès jailli des profondeurs d’un Enfer précisément dantesque, il est Tirésias, le voyant aveugle qui fut homme et femme. Est-ce la raison qui fait de lui un homme-tronc, littéralement coupé en deux ? Comme pour lui donner la réplique, un être tordu, tortueux même, dessine deux loups (ou chiens ?) à cour. Déglingué, mais pouvant se plier et se déployer dans tous les sens, c’est l’exceptionnelle contorsionniste, peintre et danseuse Iona Kewney qui incarne Héphaïstos, le dieu du Feu infirme – de naissance ou jeté du haut de l’Olympe par ses parents. Et les parents, parlons-en. Les voilà sur grand écran : Zeus (Daniel Copeland) et Héra (Lucy Black), violents et manipulateurs, libidineux désabusés, impitoyables et terriblement banals. Le cadre étant posé, le spectacle peut se déchaîner !
Un théâtre de la cruauté
Car c’est un vrai déferlement d’énergie, de fureur, de pulsions qui s’empare des danseuses et danseurs (tous virtuoses extraordinaires !), tandis que la musique électrisante et grondante de Warren Ellis balaye les ténèbres du plateau, que les dessins réalisés en direct de Iona Kewney brûlent les uns après les autres, que le texte de la poétesse et performeuse Fiona Benson n’enflamme les corps de ces infâmes (et célèbres !) rejetons qui s’élèvent dans les airs ou éructent des paroles définitives. Car tout ce petit monde s’aime et se déteste. L’Olympe d’Ultima Vez est sombre, saturé de désirs, de jalousies, de colères et de cruauté – comme chez nous ! La chorégraphie est époustouflante, toujours avec cette technique propre à Vandekeybus, avec ces interprètes qui se rattrapent en plein vol, ces fulgurances et ces chutes rageuses, ces portés presque miraculeux et l’inventivité de figures jamais convenues, toujours renouvelées. C’est un vrai spectacle total, de grande envergure. Et franchement, ça fait du bien.
Agnès Izrine
mercredi, jeudi et vendredi à 20h. samedi à 18h. Tél. : 01 40 03 75 75. Durée : 1h45.
Spectacle vu le 5 février à Points Communs Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise / Val d’Oise.
Également le 19/11/25 à Château Rouge, Annemasse.
Calligraphie des corps et force du texte, [...]