Angelin Preljocaj reprend à la Seine Musicale ses incontournables « Mythologies »
Accompagné du musicien Thomas Bangalter, de [...]
Avec sa dernière création Sylvain Groud dresse le constat d’un monde en ruine et nous invite à nous rassembler pour retrouver l’émerveillement.
Un homme vêtu de noir se débat au sol, rampe, convulse. Ses semblables poursuivent leur marche, indifférents à sa souffrance. Puis l’immense tissus blanc qui repose sur le sol nous laisse deviner un monde souterrain, celui des oubliés de nos sociétés, des invisibles, de nos fantômes. L’étoffe ondule, épouse un visage qui crie. Se soulevant peu à peu elle nous permet de découvrir une meute sombre et grouillante, ainsi qu’un tas de vêtements informes, rebus témoins de notre surproduction, dans lequel chacun va puiser pour diverses commémorations, processions. Portant ces nippes, ils pourront s’avérer fort raffinés, dévoilant pour certains une certaine préciosité.
Du chaos à l’harmonie
Pour créer Le Banquet des merveilles, Sylvain Groud est allé à la rencontre des plus démunis comme de simples citoyens. Tous et toutes lui ont parlé du dérèglement climatique, des guerres, de l’oppression des plus riches sur les plus pauvres, du racisme. C’est ce qu’il nous donne à voir dans une première partie du spectacle où le drap – issu d’une ancienne robe de scène de Carolyn Carlson – constituant l’ingénieuse scénographie de la pièce se transforme en nuage de pollution ou en mer dévoilant des corps inanimés en se retirant, où la violence sourd et éclate même en pleine fête. Danseurs et musiciens de l’excellente compagnie du Tire-Laine y sont impeccables et s’entremêlent remarquablement. La scène dans laquelle une interprète semble mourir sous les assauts sonores d’un basson est marquante. Mais dans ses divers échanges le chorégraphe a rencontré également beaucoup de résilience. Alors comment malgré un contexte apocalyptique continuer de s’émerveiller ? Dans une étreinte prolongée avec une amie suggère un témoignage en voix off, en admirant la mer ou en essayant des costumes confient des danseurs micro en main avant de nous inviter à poursuivre nos échanges dans le hall du théâtre. Échanges qui se muent en une grande fête au milieu de laquelle nous partageons des danses, un thé à la menthe ou une soupe préparée par une association locale qui est de la partie. De mémoire de critique, on ne se souvient pas avoir vu un public aussi varié, encore moins célébrer ensemble. Pari de l’émerveillement réussi !
Delphine Baffour
à 20h30.
Tél : 01 40 92 62 31 La Filature - scène nationale de Mulhouse, 20 allée Nathan Katz, 68100 Mulhouse.Le 6 mai à 20h.
Tél. : 03 89 36 28 28.
Également le 17 mai au Théâtre Le Forum, Fréjus, le 24 mai aux Salins, Martigues.
Spectacle vu à sa création au Colisée, Roubaix.
Accompagné du musicien Thomas Bangalter, de [...]