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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Créer des liens et pas des entraves

Créer des liens et pas des entraves - Critique sortie
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Publié le 10 octobre 2009

Directeur de l’Ecole supérieure d’art dramatique de Montpellier, Ariel Garcia Valdès y exerce ses fonctions en habile dialecticien : distance et engagement, liberté et exigence, humour et sérieux caractérisent sa position à la tête d’une institution allergique à l’institutionnalisation…

Quels sont le rôle et le statut des écoles de comédiens dans le paysage théâtral actuel ?
Ariel Garcia Valdès :
Je crois que leur rôle est prépondérant. Avant, je craignais que ces écoles entraînent le formatage, proposent un enseignement figé. Or, aujourd’hui que l’idée d’un théâtre public disparaît, qu’il n’est pas sûr que le Ministère ait un vrai regard et une vraie politique, il est formidable que ces écoles puissent accueillir les comédiens et les metteurs en scène de la génération précédente pour transmettre leur savoir et cette idée du théâtre qui tend à disparaître, comme elles accueillent aussi ceux de la nouvelle génération. Ces écoles sont une chance fondamentale : comme un endroit de résistance sans vouloir l’être. Chaque école a une personnalité ou l’affirme, mais toutes sont le lieu de cette mémoire en vie et en friction. Cette chance est rassurante car elle maintient l’idée d’un théâtre différent de celui de cette culture pour chacun qui émerge aujourd’hui. Ces écoles participent d’un lieu qui fait honneur à la France.

Quand et comment êtes-vous arrivé à la tête de l’école de Montpellier ?
A. G. V. :
L’école date de 1980. A l’origine, elle était très liée au Conservatoire de musique et de danse et n’avait pas de moyens véritables. Je suis arrivé en 98-99, avec la crainte du poids institutionnel. Ce n’est pas que les institutions me dérangent, mais j’avais peur du barda administratif, de l’enlisement et de la fossilisation. J’ai adoré cette école parce qu’elle n’avait rien, et j’ai tout fait pour qu’elle ne gonfle pas et garde son inventivité, sa capacité de changer en un rien de temps, sa réactivité. Quand j’ai démarré, il n’y avait pas de directeur, on partageait une secrétaire avec le Conservatoire. J’ai compris que cette association n’était pas viable et mon combat a été de rendre l’école indépendante. J’y ai réussi au bout de trois ans. Georges Frêche, tant décrié, nous a offert un outil de travail incroyable, facile et bien équipé. Mais très simplement : nous sommes une petite équipe, un directeur, un régisseur technique et une secrétaire. Je conseillerais au Ministère de faire ça : des directeurs qui soient en même temps concierge ! Moi, je n’ai pas de bureau et il ne faut pas trois jours pour me voir : on règle tout à la seconde ! Chacun porte son travail avec enthousiasme et les élèves comédiens sentent qu’il faut qu’ils fassent comme nous. Ce qui fait que cette maison est amusante à vivre : c’est joyeux ici ! Mais en même temps, avec la conscience que c’est le théâtre dans ce qu’il a de grand qui se joue aussi ici. A la fois sérieux et déconneur !

« Ces écoles sont une chance fondamentale : comme un endroit de résistance sans vouloir l’être. »

S’il fallait trouver une particularité pour caractériser cette école, quelle serait-elle ?
A. G. V. :
On est toujours là. On peut écouter, aider, trouver des solutions. Montpellier n’est pas seulement une école qui forme en donnant quelques outils, mais c’est aussi une manière d’être après, avec ceux qui sont sortis et créent une idée collective du théâtre. On le fait simplement mais avec constance. On suit vraiment les gens qui sont sortis. Pas pendant deux ou trois ans comme le JTN mais pendant dix ans. Je suis encore ceux qui sont entrés au début. Il faut s’investir longtemps dans le suivi pour que les projets prennent forme. Je voudrais que les politiques locaux comprennent cette nécessité de soutien, prennent conscience des talents issus de cette école, et qu’ils aident davantage la production de leurs spectacles. Mais je suis de très près aussi les aventures individuelles. Je reste très lié avec les anciens élèves. J’espère qu’eux aussi sont liés, sans être liés !

Propos recueillis par Catherine Robert

 

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