« Circus Remake » de Maroussia Diaz Verbèke

Quel est le principe de Circus Remake ?

Maroussia Diaz Verbèke : Celle nouvelle création est une réécriture, à partir de mon solo Circus Remix, qu’on appelait dans la compagnie le « spectacle-manifeste », car il venait poser les grandes lignes de ma recherche artistique. Il s’agissait de réussir à faire exister un spectacle de cirque, en me disant : si j’avais le cahier des charges de la composition d’un spectacle de cirque – c’est-à-dire des numéros, entrecoupés de moments de textes de présentation, qui alternent des émotions diverses comme l’angoisse, le rire, l’admiration, la peur… – qu’est-ce que je ferais, en m’éloignant le plus possible des images toutes faites ? Cela a donné un spectacle avec un public à 360°, et une bande-son faite de collage d’archives, gravée sur vinyle. Avec Circus Remake, j’ai eu envie de pousser l’écriture à un autre endroit, puisque le spectacle, au lieu d’être porté par une seule personne, est interprété par deux artistes qui joueront un seul rôle : Theresa Kuhn et Niń Khelifa.

« À deux elles peuvent accéder à quelque chose de très juste par rapport au cirque et au rythme. »

Comment passe-t-on du solo au duo ?

M.D.V. : Ma discipline est un mélange entre la corde souple et la corde volante, qui sont habituellement très distinctes dans l’apprentissage. Ce ne sont pas du tout le même corps, ni les mêmes aptitudes qui sont en jeu, avec d’un côté l’équilibre et de l’autre l’explosivité et la voltige. Dans le cirque, les disciplines et les propositions sont basées sur la particularité et la spécificité d’un artiste, ce qui pose la question de l’interprète différemment de la danse ou du théâtre. Ici, l’une des interprètes vient de la corde souple et l’autre de la corde volante, et on travaille sur le fait qu’elles entrent et sortent de ce rôle solo. C’est ce qui permet d’avoir des flash-backs, de traverser le temps. C’est intéressant parce qu’on peut créer des variations, mettre le spectacle lui-même en perspective, juxtaposer des différences, accélérer… À deux elles peuvent accéder à quelque chose de très juste par rapport au cirque et au rythme.

Retravaillez-vous les archives ?

M.D.V. : C’est tout le challenge de cette réécriture. Le fait de pouvoir me mettre à l’extérieur permet de faire aboutir certains aspects, en réinvestissant les archives sonores, en intégrant les évolutions de la lumière. Toute la trame du spectacle va être régie par le temps qui court sur le vinyle.

Entretien réalisé par Nathalie Yokel