Belle du Seigneur
Inspirée et enchantée par Belle du Seigneur [...]
La figure tutélaire de l’art dramatique français aurait eu cent ans cette année. Le théâtre de Suresnes, qui porte le nom de Jean Vilar, se saisit avec enthousiasme de l’opportunité offerte par le calendrier.
« C’est un hommage qui se veut juste et digne au regard de cette magnifique trace que Vilar dans sa clarté a laissée et que nous tentons toujours d’habiter, de vivifier » déclare Olivier Meyer, actuel directeur du théâtre de Suresnes dont il se plaît à dire qu’il fut « le premier bastion dramatique » du TNP (Théâtre National Populaire). « C’est là qu’il crée », rappelle-t-il, « une nouvelle façon de faire du théâtre, où il organise la fête de la représentation, inventant l’accueil en musique, la restauration légère avant la représentation, le débat avec le public, au total la joie d’être ensemble autour d’une fête de l’esprit ». Portée par cet élan, la programmation de cette semaine dédiée à la mémoire de Jean Vilar exalte les principes au fondement de son action, principes ainsi rassemblés par Olivier Meyer : « faire entendre de grands textes de théâtre, classiques ou contemporains, dans une grande économie de moyens financiers et techniques en se reposant sur le talent de grands interprètes ».
Cinq beaux rendez-vous découvertes
Jacques Téphany, Directeur de la Maison Jean Vilar en Avignon, gendre de Jean Vilar, et Julien Téphany, son fils, metteur en scène et vidéaste, proposent un premier rendez-vous en forme de conférence filmique, portrait inattendu assez éloigné du communément admis. Seuls en scène, dans trois évocations aussi poétiques que vivantes, trois belles figures du théâtre contemporain sont invitées à éclairer différents aspects de la personnalité de Jean Vilar. Le comédien et président honoraire de la Maison Jean Vilar en Avignon, Roland Monod, rend hommage, en allant « Aux sources du poème », au lecteur, à la relation profonde et intime qui liait le metteur en scène à Ronsard, Villon, Baudelaire ou Michaux. Christian Gonon donne à entendre, dans «Jean Vilar au Miroir », l’auteur et ses écrits, effectuant des allers-retours entre la personne privée et l’homme dans la cité. Denis Podalydès dévoile avec « Jean Vilar ou la ligne droite », la correspondance de Jean Vilar à son épouse Andrée. La pièce emblématique du créateur du festival d’Avignon, Dom Juan, est à l’affiche, mise en scène dans la perspective qu’il a ouverte par René Loyon. Dans le hall, une exposition des photos d’Agnès Varda, saisissant sur le vif les instants de ce parcours artistique hors norme, parachève la découverte.
Marie-Emmanuelle Galfré
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