Hermeto Pascoal revient au New Morning

« J’ai toujours voulu faire une musique universelle, c’est-à-dire qui parle de tous, à tous, pour tous. » Trente ans après avoir prononcé cette sentence avant de monter sur la scène du New Morning, revoilà donc le Barbapapa brésilien dans le temple parisien. Malgré le poids des années (l’homme a largement dépassé les 80 printemps), sa bande-son demeure toujours aussi rétive à toute tentative de définition définitive : jazz, classique, choro, forro, maracatu, marchinhas de carnaval, et ainsi de suite… Et avant la musique, non sans une bonne dose d’humour, à l’image de sa silhouette bonhomme et de l’immense sourire qui vous accueille à chaque rencontre.

L’art de briser les œillères

« Avant toute chose , j’aimerais bien savoir si les toilettes sont toujours au même endroit au New Morning. C’est important, les WC ! Dans mon souvenir, il faut que je traverse le public pour aller me soulager. Ça crée un contact. », Ce bon mot, adressé voici une dizaine d’années avant un autre concert dans cette « maison » qui est un peu la sienne tant il l’a pratiquée, situe les enjeux de cette musique qui ne ressemble à nulle autre.  Son secret ? Faire de la musique sérieuse pas du tout sérieusement. « J’adore briser les codes formels », s’amusait Hermeto, mu par des idées aussi foisonnantes que sa barbe, avec ce qu’il faut de bon sens de l’oblique. « En scène, je me transforme et ma musique se transforme. Tout ce qu’on répète, on ne le reproduira jamais. Et en studio, c’est encore différent, pas moins bien. C’est une autre énergie. Simplement, je ne supporte pas les formats. »

Jacques Denis