« Ma jeunesse exaltée » d’Olivier Py, épopée dramatique en forme de tétralogie
Dernière création du metteur en scène, [...]
Gwénaël Morin réunit Virginie Colemyn, Julian Eggerickx, Barbara Jung et Grégoire Monsaingeon en un Songe pour grands enfants pas sages, dans le tapage gaillard d’un théâtre énergique.
Un bout de drap ou une branche de lierre, des grosses godasses pour courir à toute berzingue en culotte autour du jardin, un élastique pour attacher les cheveux et passer illico du rôle d’Obéron à celui d’Hermia, un masque d’âne en caoutchouc et des branches de pin pour fabriquer la couche de la reine des fées… On aurait dit qu’on jouerait Shakespeare dans le jardin, et on crierait super fort et on se marrerait bien, parce que c’est ça, en fait le théâtre : faire les enfants pour oublier qu’on va tous crever, que les attachements amoureux dépendent de filtres incertains, que les parents qui veulent toujours tout commander sont vraiment chiants et qu’il vaut mieux se carapater dans les bois pour aller s’amuser avec ses copains. Et même à cinquante ans, et peut-être surtout à cinquante ans, parce que la comédie est encore plus drôle quand la vie nous a déjà fait traverser toutes les tempêtes tragiques qu’on a inutilement prises au sérieux. Telle est l’impression qui ressort de la proposition de Gwénaël Morin, qui réunit des comédiens fidèles avec lesquels il a déjà tout déconstruit du théâtre, comme si le temps était désormais venu de reconstruire sans être dupe de la vanité créatrice et de vivre sans se prendre la tête.
Triomphe baroque de l’amour et de la vie
Il s’agit de jouer l’essentiel de ce que dit le texte : l’amour trahi, la mesquine vengeance, le ridicule des suicides amoureux bêtement causés par des rendez-vous manqués, la crétinerie des entremetteurs qui, comme Puck, se mélange les pinceaux dans leur mission, et le grotesque des afféteries sociales et des calculs de la séduction, quand il suffit d’être simple et tendre pour être heureux et aimé. La mise en scène, qui s’empare d’un texte dégraissé et efficace, va à l’essentiel et fait de la scène un amusant terrain de jeu. L’interprétation est enlevée et les acteurs sont époustouflants : ils passent d’un rôle à l’autre avec une fluidité preste. Si, comme le dit Gwénaël Morin, Le Songe est une comédie de la maturité, c’est peut-être parce qu’elle est, ainsi conçue, un amusement baroque, c’est-à-dire un pied de nez à la pesanteur et à la pression.
Catherine Robert
du lundi au vendredi à 20h, samedi à 18h, relâche le dimanche. Tél : 01 48 70 48 90. Spectacle vu au Festival d’Avignon en juillet 2023. Durée : 1h45.
Dernière création du metteur en scène, [...]