Tonnerre dans un ciel sans nuage du collectif Mind the gap
Bousculant les codes de la représentation, [...]
Spectacle aussi émouvant qu’instructif, Granma. Les Trombones de La Havane confirme la grande qualité du théâtre documentaire du collectif Rimini Protokoll, qui se consacre ici à Cuba.
Comment reconstruire du sens, des rêves, des utopies ? Pour les Occidentaux que nous sommes, biberonnés au danger communiste et bercés par le There is no alternative thatchérien dans un climat de fin de l’histoire, la tâche paraît parfois désespérée. Mais pour les quatre jeunes gens sur scène – ils ont entre 25 et 36 ans – qui ont grandi dans les espoirs et le déclin de la Révolution cubaine, la question se pose différemment. Ils s’appellent Christian, Daniel, Diana et Milagro. Ils sont blanc, latino et afro-caribéens. Daniel est petit-fils d’un ancien ministre, Christian d’un militaire, Milagro a été élevée par une grand-mère espionne et militante communiste, et Diana tient sa passion pour la musique de son grand-père, célèbre chanteur d’orchestre. Stéphane Kaegi et Aljoscha Begrich, le dramaturge du spectacle, les ont choisis parmi plus d’une cinquantaine de personnes rencontrées à Cuba.
L’espoir d’une alternative
Sur scène, ils ne sont rien qu’eux-mêmes, citoyens cubains engagés dans des vies professionnelles éloignées du théâtre. Ensemble, ils retracent soixante ans d’histoire de l’île, du renversement de Batista à aujourd’hui. L’histoire d’un pays qui a tenté l’aventure communiste et inventé des modes de vie qui lui sont propres. On le sent, tous ne portent pas le même regard sur ce passé qui imprègne leurs vies. Le spectacle fait incessamment le pont avec leurs aînés, vivants ou morts, qui ont vécu les débuts de la Révolution à peu près à l’âge que leurs descendants ont aujourd’hui. Dialogue entre les générations qui assure celui entre le passé et le présent et montre combien l’enracinement dans les particularités cubaines reste fort, Granma pose la question du devenir d’un modèle isolé, que la mondialisation version tourisme et internet est déjà en train de submerger. Entre archives familiales, documents historiques et images vidéo de l’île, dans une scénographie aussi simple que belle, et avec l’appui des trombones dont tous les quatre ont ensemble appris à jouer, Granma, en revisitant son passé, active Cuba comme l’espoir d’une alternative à notre monde qui s’enfonce dans l’impasse. Un espoir aux formes certes indéfinies, fragiles, qui ne tient finalement peut-être qu’à la vitalité, à la particulière beauté de ces quatre personnalités.
Eric Demey
à 22h. Relâche le 21. Durée : 2h15. Tel. : 04 90 14 14 14.
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