Dans une chapelle ou un musée, le cycle « Interférences » se propose comme le cœur musical d’Avignon.
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« C’est la grève ! » : ce cri, expression universelle du ras-le bol, est repris avec passion par les nordistes de la Compagnie Climax. Ils proposent un Germinal accessible et dynamique, où comédiens présents et filmés cohabitent sur scène.
Étienne Lantier, déjà rebelle une fois pour avoir giflé son patron, trouve un nouvel emploi dans les mines de Montsou et devient meneur de grève. La misère, le froid, la mort, la douce Catherine, le brutal Chaval, la brave Maheude, tous nous ont marqués dans le roman de Zola mais également dans le film de Claude Berri (1993). ClimaX se définit comme une « Compagnie de théâtre / cinéma », un terme à prendre au pied de la lettre puisque trois gros écrans mobiles trônent au plateau. Ils diffusent des images tournées au préalable, comme un texte à trou avec lequel les comédiens en chair et en os interagissent. Les décors y sont dessinés dans un style enfantin, comme à la craie. Les personnages sont animés en rotoscopie, une technique qui consiste à filmer des acteurs réels pour dessiner par-dessus et ainsi obtenir un mouvement réaliste. Cette proposition graphique audacieuse structure tout le spectacle puisque les écrans posent les décors, l’ambiance, incarnent la multitude des mineurs et font la transition entre les scènes. Un dispositif qui excelle dans les moments de tension, comme lorsque les soldats ouvrent le feu sur les grévistes, dans une série de flashs et de corps qui s’effondrent. A contrario, on se perd dans l’image lorsque celle-ci est trop chargée de contours en noir et blanc qui se confondent et figent le plateau. Parfois même, les trois écrans, qui savent si bien ouvrir des interstices aux comédiens, ont tendance à les marginaliser. En règle générale, la mise en scène de Pierre Lamotte brille lorsqu’elle use de plans rapprochés, dynamiques, quand le cinéma dialogue avec le théâtre pour former une grammaire commune.
Du fond de la fosse à nos jours, un cri
Peu importe si le récit est condensé, il fait (re)naître en nous une colère qui creuse le ventre et agite le corps. On voudrait se lever face aux compagnies minières qui grignotent le moindre centime sur leurs ouvriers depuis des manoirs indécents. On voudrait raisonner les soldats qui, éduqués dans le devoir envers la patrie, finissent par fusiller d’autres français dont le seul crime est d’avoir dit stop. En cela, Germinal l’intemporel porte bien son nom puisque cette soif de justice se ressent jusque chez les jeunes comédiens. En contrepoint des acteurs à l’écran, ils sont les éléments « actifs » de la révolte. Un rôle difficile à endosser puisqu’au moindre échec, ils sont accusés d’avoir chamboulé la vie, misérable, certes, mais stable des corons. Du reste, on aimerait les voir plus souvent sur scène et dans des dialogues moins criés, bien que le contexte s’y prête. Il demeure que cette adaptation lisible synthétise efficacement l’impuissance des ouvriers et leur désespoir, si profond qu’il les pousse à sacrifier leurs camarades dans la fosse pour continuer la grève. Une représentation nécessaire à l’heure où les droits des travailleurs sont attaqués au nom du bien commun ou de la réduction de la dette. Germinal l’intemporel, c’est une piqûre de rappel par une jeune compagnie qui a encore tout l’espace pour germer.
Enzo Janin-Lopez
à 15h15.
Tél. : 04 12 29 01 24.
Durée : 1h10.
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