Gaff Aff
©Gaff Aff
Gaff Aff
Publié le 10 octobre 2007
Les ratés splendides de l’existence sous les facéties tendres de l’illusionniste Martin Zimmermann et du compositeur converti à l’art brut de la platine, Dimitri de Perrot. Un duo d’enfer.
Fini le papier collé, papier de riz ou d’Arménie, tout n’est que carton creux, carton gonflé d’emballage pour paquets dérisoires. Ainsi crisse l’hymne frelaté de nos sociétés de toc, et le platiniste Dimitri de Perrot, adepte des musiques expérimentales mixées « live » sur le plateau, exprime avec une intensité rare la teneur douce-amère ressentie par l’homme étrangement isolé dans cet encombrement heurté de cartonnages simili rigides. Ce sont des restes inutiles, souvent non recyclables, des faux trésors de nos temps post-modernes chaplinesques, des cadeaux tronqués à la valeur inversement proportionnelle à leur empaquetage envahissant, une enveloppe fallacieuse sur la nudité de l’être social étouffé. L’ère est aux volumes jetés aussitôt que déballés sur la montagne toujours plus menaçante des détritus d’une planète exsangue. Mais là s’arrêtent les dérives d’un discours un peu réactionnaire aux relents écologiques. Il faudrait parler du chaos des emballages et de la chose emballée – écrans TV, ordinateurs, appareils ménagers -, mais aussi des objets quotidiens, i-pod, téléphones mobiles et jeux électroniques, une panoplie moderne aliénante, si l’usage en est abusif. Il faudrait évoquer aussi la standardisation urbaine des identités, businessmen en costume cravate et attaché-case, des figures interchangeables pour qui l’intimité de la personne ne s’autorise que la part du pauvre.
La créativité militante de l’homme aux prises quotidiennes avec son théâtre d’objets.
Le duo Zimmermann et de Perrot a choisi de retourner en humour tendre l’âcreté d’une réalité absurde. L’homme peut renverser la situation en s’appropriant les qualités souples de ce matériau provisoire dont la fragilité est soumise au temps qui passe. Sur un manège inventé, un plateau de platine, un tourne-disque serti d’un bras de carton mobile manipulé par son complice musicien et bruitiste, le chorégraphe Martin Zimmermann s’essaie, figure mélancolique de cirque aussi bien qu’animal de foire, à toutes les clowneries distinguées. Une mimique façon Buster Keaton ou une gestuelle insolite, comme se tenir assis sans le moindre siège et mimer les présentateurs mièvres de journaux télévisuels ineptes. Une scénographie savante et ludique s’anime avec un panache surréaliste, à partir de plaques prédécoupées de carton. Magiquement, des panneaux esquissés prennent vie, puis des portes et des paravents grâce à l’art concret de la pliure, avec des chaises, des tables, une lampe de bureau jusqu’à des pièces de monnaie… en carton et une souris domestique. Arts plastiques, danse, cirque, musique, tous les arts sont conviés pour ce rendez-vous poétique avec l’inventivité furibonde et la créativité militante de l’homme aux prises avec son théâtre d’objets. Afin de s’amuser en laissant vivre la part libre et libertaire de rêve humain à jamais irréductible à toute volonté de reproductibilité industrielle. Un pari audacieux gagné.
Véronique Hotte
Gaff Aff
Une pièce de et avec Martin Zimmermann et Dimitri de Perrot, mise en scène Martin Zimmermann et Dimitri de Perrot, les 3, 4 et 5 octobre à l’Onde de Vélizy , rens 01 34 58 03 35 et les 12 et 13 octobre à 20H30 au Théâtre Jean Arp à Clamart. Rens : 01 41 90 17 02.
Une pièce de et avec Martin Zimmermann et Dimitri de Perrot, mise en scène Martin Zimmermann et Dimitri de Perrot, les 3, 4 et 5 octobre à l’Onde de Vélizy , rens 01 34 58 03 35 et les 12 et 13 octobre à 20H30 au Théâtre Jean Arp à Clamart. Rens : 01 41 90 17 02.