« Licht », la nouvelle création mondiale d’Angelin Preljocaj couplée à « Helikopter ».
Le chorégraphe Angelin Preljocaj prépare une [...]
Une danse profondément inspirée par une culture, et pourtant, l’apparition d’une écriture pleine de perspectives : c’est le défi relevé par Aina Alegre pour cette nouvelle création
Une pénombre d’où se détachent des silhouettes au lointain. Puis une danseuse au-devant, surgie d’on ne sait quel limbe. Cette apparition figure-t-elle la Carmen Amaya, grande danseuse flamenca à l’origine de la recherche et de l’inspiration d’Aina Alegre pour cette création ? Le port de bras n’est pas tout à fait un braceo, le trépignement pas vraiment un zapateado… mais d’où viennent alors ces états, repris peu à peu par l’ensemble des sept danseurs ? L’impressionnante bande sonore mitraille, la lumière pulse comme le battement sourd d’un cœur, et voici que s’organisent des solos, des trios, des ensembles s’avançant face au public dans des souffles et des voix qui s’échappent en une énergie conquérante. L’attaque du geste, la vélocité, les tours en vrilles spiralées, les épaulements, le ploiement de la colonne, le martèlement du sol, les bustes projetés et les regards perçants… pas de doute, l’état flamenco est bel et bien là. C’est sur cette base qu’Aina Alegre a construit une chorégraphie haletante, pénétrante, déferlante, dans un flot oscillant entre le sauvage et la maîtrise.
Entre percussions et impressions
Les podiums ou le cercle de lumière ouvrent des espaces propices à la représentation de soi qui est aussi le jeu du flamenco. Mais la chorégraphe, sans jamais se laisser absorber par la forme, tisse des variations bien ancrées promptes à inviter d’autres codes : on est proche d’une ambiance de défilé, de battle, de fanfare, de club, presque de haka, dans des explosions de plaisir qui ne laissent aucune place aux stéréotypes. Carmen Amaya osait danser en pantalon ; ceux-là en costumes unisexes ne s’embrouillent pas de ces repères. Ils sortent leur « être flamenco », d’une puissance increvable et bien d’aujourd’hui. Quand pourrait sonner la fin du monde par un Boléro rouge de fracas, ils nous enjoignent collectivement à nous soulever, les bras offerts, ou gravissent les marches dans une frénésie dansée, prêts à en découdre. Des images et une énergie qui, bien qu’insaisissables, nous laissent une forte impression.
Nathalie Yokel
à 19h30. Tél. : 01 45 13 19 19.
Et au Théâtre de Corbeil-Essonnes, 22 rue Félicien Rops, 91100 Corbeil-Essonnes. Le 25 mars à 20h. Tél. : 01 69 22 56 19.
Tournée :
Les 23 et 24 avril, Festival Dias da Dança, Porto, Portugal.
Les 19 et 20 septembre, Biennale de la danse de Lyon.
Spectacle vu à la Maison des Arts de Créteil dans le cadre de la Biennale de Danse du Val-de-Marne.
Le chorégraphe Angelin Preljocaj prépare une [...]