3 MA
Derrière ce nom de code, 3 MA, se retrouvent [...]
Le vibraphoniste, en résidence aux Gémeaux, vient de constituer un nouveau grand orchestre composé de jeunes musiciens (son fils, Vincent, tient d’ailleurs la batterie dans la formation). Une confrontation qui l’oblige à repenser sa pratique comme son écriture. Pour le meilleur.
Pourquoi, à propos de ce nouvel orchestre, parlez-vous de « pari » ?
Franck Tortiller : Ce projet représente un vrai tournant puisqu’il s’agit de changer d’orchestre, de vision. Ne plus faire ce dont j’ai l’habitude, c’est une mise en danger. Constituer un orchestre avec des musiciens âgés de 25 à 30 ans, tous porteurs de projets, c’est une façon de renouveler ma pratique. Entre nous, le rapport générationnel s’effectue frontalement mais d’une façon très positive. Cette génération a une vision beaucoup moins romantique du jazz. À l’inverse de nous, ils n’ont pas grandi avec. C’est pour eux quelque chose qui a accompagné un passage formateur, ou bien qu’ils ont découvert après, comme le jalon d’un parcours musical plutôt qu’un vrai parti pris de musique. J’ai eu envie de confronter ces deux façons de concevoir cette musique.
« Constituer un orchestre avec des musiciens âgés de 25 à 30 ans, c’est une façon de renouveler ma pratique. »
Cela influe-t-il sur votre écriture ?
F.T.: Pour moi ça change tout… On se confronte toujours à la même question : qui joue quoi pour qui ? Mon choix a été de composer avec les musiques que cette génération écoute ou pratique (notamment le hip-hop), en mettant la rythmique au centre du propos, jusque dans la disposition même de l’orchestre. Cela change forcément pas mal de paramètres musicaux. Concernant la forme, ce sera assez écrit mais ce répertoire ne sera qu’un matériel. La musique écrite ne doit surtout pas être un frein à la créativité d’un orchestre… D’autre part, avec trois saxophones, deux trombones, des trompettes et quasiment pas d’électronique, on reste dans une couleur jazz. J’aimerais garder l’aspect brut du son du big band. Sur ce plan-là, c’est ma génération qui parle !
Revenez-vous à de la musique originale ?
F.T.: Oui. Comme dans toute création, il y aura plein d’idées, d’influences, de sons, repris au sein d’un répertoire original. Un exemple de son, acoustique et rythmique qui m’inspire beaucoup actuellement, c’est l’album de Miles Davis qui s’appelle « On the Corner ». Je travaille là-dessus, j’essaie de comprendre comment il a fait, comment il utilise une double rythmique… Je me suis inspiré de ce genre de choses pour composer.
Propos recueillis par Vincent Bessières
Les 2, 3, 8, 9 et 10 février 2018 à 21h30. Tél : 01 46 61 36 67.
Derrière ce nom de code, 3 MA, se retrouvent [...]