La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Vincent Nadal

Vincent Nadal - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 octobre 2007

Des Lear : Résurgences de paroles shakespeariennes

Comédien associé au CDN de Sartrouville, interprète d’Oswald dans Le Roi Lear mis en scène par Laurent Fréchuret, Vincent Nadal se propose également de traverser la pièce de Shakespeare en solo. Un voyage initiatique pour un « acteur-événement ».

« Des Lear est un poème dramatique pour un seul personnage : le comédien qui est sur scène et qui fait ce voyage à l’intérieur des nombreuses questions qui parcourent Le Roi Lear. J’ai traduit des passages du texte de Shakespeare pour en faire une forme de collage qui respecte l’ordre chronologique global de la pièce tout en la mettant en perspective avec d’autres écrits qui me semblaient lui faire écho. Un passage de Deleuze, par exemple, par-dessus lequel j’ai réécrit, que je me suis réapproprié pour en faire un fragment de mon texte final. En fait, Des Lear propose en quelque sorte au public de se laisser traverser par des résurgences de paroles, qui mènent au-delà des figures composant Le Roi Lear. Car, sur scène, ma position est celle d’un “acteur-événement”, c’est-à-dire d’un comédien qui se place à l’endroit de la sensation, de la pulsation, de l’imaginaire, de la pensée, plutôt qu’à l’endroit de l’incarnation. Au final, ce que je souhaite mettre en jeu, c’est le “comment voir l’acteur”, le “quoi ressentir face à l’acteur sur scène”, c’est le rapport qui s’établit entre l’acteur et les spectateurs.

Privilégier les sensations pour mettre en jeu la position de l’acteur

Pour moi, l’un des principaux enjeux du Roi Lear, c’est l’autre. Cette pièce est un véritable parcours initiatique. Tous les personnages font un voyage à l’intérieur d’eux-mêmes, un voyage qui finit par les mener vers l’autre. D’ailleurs, ce qui me touche particulièrement dans ce texte, c’est ce constat d’impuissance à dire soi-même qui l’on est, à n’être que ce que les autres nous proposent d’être, à n’exister qu’à la mesure de la relation qui se noue avec l’autre. Dans Des Lear, je déplace cela en direction de la relation qui se crée entre le comédien et le spectateur. Mais pas à travers une véritable adresse, quelque chose de figé ou de volontariste. Cet échange sera plutôt de l’ordre du regard qui se laisse capter pour interroger en permanence le public, observer son avancée avec moi dans le texte, pour m’assurer que le public est bien touché par les mêmes choses qui, moi, me touchent. Plus largement, cet échange revient finalement à affirmer qu’une œuvre théâtrale, comme tout objet d’art, propose une expérience beaucoup plus vaste que son seul propos, qu’elle donne la possibilité d’une nouvelle rencontre : dans le cas présent, une rencontre entre les spectateurs et moi. »

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat


Des Lear, écriture, mise en scène et interprétation de Vincent Nadal. Les 14, 17, 19, 24, 26 novembre, 1er, 3 et 5 décembre 2007.

A propos de l'événement



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