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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -292-Au Théâtre de Caen, l'art de surprendre

Une saison qui élargit les horizons et décuple les talents, rencontre avec Patrick Foll

Une saison qui élargit les horizons et décuple les talents, rencontre avec Patrick Foll - Critique sortie  Caen THEATRE DE CAEN
© Philippe Delval

ENTRETIEN

Publié le 25 septembre 2021 - N° 292

Rencontre avec le directeur du Théâtre de Caen pour évoquer la saison 2021-2022 et ses principaux partenaires musicaux, dont le compositeur Benjamin Dupé et le claveciniste et chef d’orchestre Sébastien Daucé avec son ensemble Correspondances, artistes en résidence.

La grande surprise de cette nouvelle saison est Treemonisha ! Comment ce projet a-t-il vu le jour ?

Patrick Foll : Treemonisha est né d’un échange que j’ai eu avec Mark Dornford-May, le directeur de la compagnie Isango. Je lui ai demandé de me faire part du projet qui lui tenait le plus à cœur et qu’il n’avait pu concrétiser. Le titre de Treemonisha a fusé ! J’ai aussitôt pensé que ce titre était en parfaite cohérence avec le projet artistique et militant d’Isango. Je lui ai donc donné immédiatement mon accord sur le partenariat du Théâtre de Caen pour ce projet. A l’époque, nous ne pouvions imaginer la pandémie que nous venons de vivre. Il est clair qu’au-delà de l’universalité et de la force du propos politique porté par Treemonisha, la question de la place de la culture et de son importance en termes d’émancipation et de liberté a une résonance encore plus prégnante.

Avec ce projet si singulier, vous réaffirmez résolument une totale liberté dans vos choix…

Patrick Foll : Le projet du Théâtre de Caen repose sur des partenariats avec des ensembles spécialisés dirigés par des artistes qui mènent un travail spécifique de redécouverte et d’interprétation du répertoire. Cette approche permet de faire naître des projets souvent très originaux mais qui pour autant connaissent des grands succès publics, parce qu’ils offrent à ces artistes de trouver des conditions révélant la pleine mesure de leur talent : Le Ballet royal de la nuit avec Francesca Lattuada et Sébastien Daucé, Coronis avec Omar Porras et Vincent Dumestre, sont deux projets portés par notre théâtre, emblématiques de cette approche.

Quel sens donnez-vous à la collaboration avec Benjamin Dupé comme compositeur en résidence ? 

Patrick Foll : Nous sommes connus pour avoir une forte identité baroque, et il me semblait important de revendiquer aussi une résidence avec un compositeur contemporain ! Benjamin Dupé est atypique car il conçoit le processus de composition dans une optique pluridisciplinaire, qui embrasse soit tous les genres du spectacle vivant, soit la littérature, soit les arts plastiques. Pour un théâtre pluridisciplinaire comme le nôtre, il est intéressant de resituer la composition musicale dans le champ plus large de la création contemporaine.

On remarque une collaboration de plus en plus étroite du Théâtre de Caen avec l’Orchestre Régional de Normandie. Pourquoi ?

Patrick Foll : L’Orchestre est tout d’abord un voisin résidant dans l’agglomération de Caen la mer. Il s’agit de la seule phalange de musiciens professionnels permanents sur ce territoire. Cet orchestre m’intéresse en particulier à travers les deux principales personnalités qui l’animent : Pierre-François Roussillon, son directeur général, et Jean Deroyer, son chef principal, qui est l’une des très belles personnalités parmi la génération des jeunes chefs français. Ce binôme a permis à cet orchestre de connaître un nouvel élan et, avec son effectif atypique de 16 instrumentistes, de développer un projet original en dialogue avec tous les champs du spectacle vivant.

« Il est intéressant de resituer la composition musicale dans le champ plus large de la création contemporaine. »

L’aventure se poursuit avec Sébastien Daucé. Comment voyez-vous la suite de l’aventure avec lui ?

Patrick Foll : Bien avant mon arrivée, le Théâtre de Caen a toujours eu un ensemble spécialisé en résidence, cela fait partie de son ADN. Les Arts Florissants sont venus en 1990 pour 25 ans. Sébastien Daucé et Correspondances ont pris la suite en 2016. Dans les deux cas il s’agissait pour le Théâtre de Caen d’accompagner de jeunes ensembles à très fort potentiel. Inutile de rappeler l’extraordinaire parcours artistique des Arts Florissants. Je constate avec satisfaction que le « porte-avions » Théâtre de Caen a l’air de bien fonctionner à nouveau avec Sébastien Daucé et Correspondances ! Ce qui m’intéresse dans sa personnalité, c’est tout d’abord son extraordinaire capacité à réunir une troupe de chanteurs et instrumentistes de très grand talent autour de son projet, ainsi que son ouverture d’esprit sur la question des formes musicales. Cela permet d’imaginer des spectacles qui fédèrent des artistes de tous horizons et un public qui va bien au-delà du public des seuls passionnés par la musique baroque.  Nous avons joué Le Ballet royal de la nuit sept fois sur deux saisons différentes, ces représentations ont réuni plus de 6.000 spectateurs. Je souhaite bien évidemment continuer à accompagner le projet de Correspondances et de son directeur musical : ce sera le cas cette saison avec Cupid and Death de Matthew Locke. Le Théâtre de Caen est par ailleurs coproducteur d’Il Combattimento ou la théorie du cygne noir créé l’été dernier à Aix. Le spectacle sera repris à Caen en décembre 2022.

 

Propos recueillis par Jean Lukas

A propos de l'événement

rencontre avec Patrick Foll
THEATRE DE CAEN
135 bd Maréchal-Leclerc, 14000 Caen

Tél : 02 31 30 48 00

Site : theatre.caen.fr

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