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Focus -268-Comédie de Genève

UNE MANIERE INEDITE DE RACONTER DES HISTOIRES

UNE MANIERE INEDITE DE RACONTER DES HISTOIRES - Critique sortie Théâtre Genève Comédie de Genève
NKDM présentent à la presse leur saison sur le chantier de la nouvelle Comédie de Genève. © Magali Dougados

ENTRETIEN > NATACHA KOUTCHOUMOV ET DENIS MAILLEFER

Publié le 23 août 2018 - N° 268

C’est un duo d’artistes qui a été nommé à la tête de la Comédie de Genève. La comédienne Natacha Koutchoumov et le metteur en scène Denis Maillefer prennent les rênes du théâtre et dévoilent les grands axes de leur projet avec, en ligne de mire, l’ouverture en 2020/21 de la Nouvelle Comédie.

Votre saison 18/19 est marquée par des réinterprétations contemporaines de classiques : Mademoiselle Julie, Les Trois Sœurs, Platonov, Le Roi Lear… À quoi correspond ce geste artistique de réécriture des textes ?

Natacha Koutchoumov : Le paysage culturel genevois vit une sorte de nouvelle ère :  beaucoup de nouveaux directeurs ont été nommés, et nous avons envie, à la Comédie de Genève, de mettre en avant la grammaire théâtrale en tant que telle. Réinterpréter les classiques permet de voir le geste des metteurs en scène, un peu comme en jazz où, à partir d’improvisations autour d’un air connu, on arrive à cerner la part de réinvention ou de réinterprétation.

« Réinterpréter les classiques permet de voir le geste des metteurs en scène. » Natacha Koutchoumov

« Nous aimerions laisser une empreinte exigeante, festive, ludique, curieuse, amoureuse. » Denis Maillefer

Denis Maillefer : J’ajouterai, très prosaïquement, qu’un certain nombre de metteurs en scène qui nous intéressent portent en eux ce type de projets. Ce que nous proposons, de manière plus proactive, tels des curateurs d’art, c’est une thématique. Mademoiselle Julie est un texte fondateur pour la Comédie de Genève (ndlr dans la mise en scène de Matthias Langhoff en 1989) et pour de nombreuses écritures contemporaines, directement ou indirectement influencées par l’écriture de Strindberg. Nous avons ainsi demandé à six metteur.se.s en scène leur vision d’aujourd’hui de cette pièce.

Votre programmation frappe par sa multiplicité des formes et des points de vue : vous convoquez le théâtre, le cinéma, le roman, l’auto-fiction, le documentaire, le monologue. Pourquoi ?

N. K. : J’ai la sensation que l’utilisation de différents supports d’expression laisse entrevoir d’autant plus la grammaire théâtrale elle-même. Nous sommes dans une période très réjouissante : après avoir voulu tout déconstruire – ce qui était passionnant et nécessaire –, nous assistons depuis une quinzaine d’années au retour du récit, avec l’envie de raconter des histoires même si elles sont parfois déconstruites ou inversées. Comme le dit notre dramaturge Arielle Meyer MacLeod, on est fidèle au théâtre quand on est infidèle au texte car le théâtre est constitué de toutes ces réappropriations.

Quelle empreinte souhaitez-vous laisser ?

D. M. : Le théâtre est un art bien plus accessible qu’on ne croit. Par nos choix de programmation, par la politique d’action culturelle que nous menons, par la politique tarifaire, par les actions avec les écoles, par le « look » que nous donnons à notre communication et par les activités para-théâtrales que nous organisons, nous souhaitons que la Comédie de Genève devienne un lieu de vie où se réunir, boire des verres et voir de beaux spectacles… C’est cette empreinte que nous aimerions laisser : une empreinte exigeante, festive, ludique, curieuse, amoureuse, tout en donnant beaucoup de résonnance aux acteurs. Et il se trouve que les metteurs en scène qui nous intéressent travaillent beaucoup sur la question du jeu et sur une nouvelle manière de raconter des histoires.

 

Entretien réalisé par Isabelle Stibbe

A propos de l'événement

Comédie de Genève
Boulevard des Philosophes 6 – 1205 Genève

Tél. : +41 22 3020 50 01

www.comedie.ch

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