Florent Derex sonorise Mahler
Co-fondateur et co-directeur avec le chef [...]
Focus -252-Festival de Saint~Denis
C’est la première fois que le jeune Italien, chef permanent de l’Opéra de Lyon à partir de septembre, se produit à la Basilique de Saint-Denis. Au programme, le Stabat mater de Rossini, une œuvre qu’il n’a encore jamais dirigée mais qu’il connaît sur le bout des doigts pour l’avoir écoutée, chantée ou fait répéter de nombreuses fois.
Est-ce vous qui avez choisi cette œuvre ?
Daniele Rustioni : Cela a été un choix commun avec la directrice du festival, Nathalie Rappaport. Nous avons décidé de jouer ce Stabat mater sans le programmer avec une autre œuvre, comme c’est souvent le cas, car c’est un voyage spirituel à lui tout seul. J’éprouve une grande émotion de jouer ce chef-d’œuvre de l’art sacré italien au festival de Saint-Denis. Pour avoir assisté à des concerts dans ce lieu, je sais que la réverbération et l’acoustique aideront beaucoup à faire ressortir la clarté et l’intelligibilité des parties, d’autant qu’il s’agira d’une interprétation recueillie, dans le sens où l’effectif du chœur de chambre de Paris n’est pas très grand.
On dit de vous que vous êtes le nouveau maître du bel canto. Etes-vous d’accord ?
D. R. : Je ne sais pas, c’est aux autres de le dire… Cette musique me fascine mais je pourrais dire la même chose d’autres musiques. Je n’aime pas tellement être relégué à un seul type de musique même si j’ai conscience qu’on ne peut pas tout diriger avec un niveau égal. Bien diriger le bel canto, c’est difficile, parfois plus que diriger Wagner ou Puccini, parce qu’on ne peut pas se contenter d’une exécution objective, qui respecterait à la lettre tout ce qui est écrit. Cela peut réussir avec un Puccini qui écrivait absolument tout, y compris les indications scéniques. Avec le bel canto, cela ne suffit pas, la musique paraîtrait vide, elle donnerait l’impression d’une nature morte. Il faut au contraire une interprétation très subjective. Les instrumentistes comme les chanteurs doivent prendre des initiatives en matière de tempi, de dynamiques. Il faut trouver le petit truc en plus qui va donner de l’émotion à la musique. C’est peut-être cela que j’apporte : la sensibilité et l’envie de séduire les interprètes pour les mener à une interprétation subjective.
« Il faut trouver le petit truc en plus qui va donner de l’émotion à la musique. »
Est-ce un atout d’être Italien pour ce type de musique ?
D. R. : Sincèrement non, de même qu’il ne faut pas être allemand pour diriger le Crépuscule des dieux ! Pour moi, la plus belle version du Stabat mater de Rossini est celle de Myung-Whun Chung. Là où cela peut être un atout d’être italien, c’est que j’ai entendu et chanté cette œuvre de nombreuses fois. Je l’ai aussi jouée au piano quand j’étais répétiteur. J’apporte ainsi la tradition italienne du grand chef de chœur Romano Gandolfi. Par exemple, le célèbre quatuor final a cappella « Quando corpus morietur» peut s’exécuter avec ou sans chœur. Moi je le dirigerai comme lui, avec le chœur, parce que c’est trop beau ! Je me sens très proche des interprétations dites lyriques, cela me vient naturellement. Peut-être qu’en cela je suis un chef italien !
Propos recueillis et traduits de l’italien par Isabelle Stibbe
à 20h30.
Festival de Saint-Denis,
Du 30 mai au 30 juin 2017.
Tél : 01 48 13 06 07.
Co-fondateur et co-directeur avec le chef [...]