Geoffroy Jourdain, voix ouvertes
En résidence à Points Communs depuis 2021, [...]
La flûtiste Naïssam Jalal revient sur sa résidence à Points Communs, grâce à laquelle elle trace de nouvelles perspectives pour sa musique.
Quelle est la nature de votre association avec Point Communs ?
Naïssam Jalal : En fait, je suis en résidence dans deux lieux, Points Communs et l’Abbaye de Royaumont, qui me donnent les moyens, aussi bien financiers que logistiques, pour pouvoir créer de nouveaux répertoires pendant trois ans. Durant la première saison, j’ai créé un nouveau quartet, Healing Rituals, dans une veine très intimiste, presque chambriste, dont le disque sortira en mars 2023. Il s’agit de rituels de guérison imaginaires. Je me suis pour cela inspirée des musiques de soin extra-occidentales, qui ont souvent un lien avec la nature et la spiritualité.
Développez-vous d’autres projets dans le cadre de ce partenariat ?
N.J. : Oui, je travaille actuellement sur une création en lien avec la tradition hindoustanie (ndlr, musique classique d’Inde du Nord), qui me fascine et me nourrit depuis longtemps. J’ai pu approfondir ma connaissance de cette musique en prenant des cours de dhrupad et de tablas. Dans le cadre de ces résidences, je suis partie une première fois en Inde. J’y retournerai prochainement, notamment pour étudier auprès d’Hariprasad Chaurasia. Si tout va bien, la première de ce nouveau projet aura lieu en 2024.
Par ailleurs, vous menez des actions sur les territoires du Val d’Oise…
N.J. : Depuis des années, je fais des ateliers d’introduction aux musiques arabes dans les écoles, les maisons de quartier, les prisons… À la fin de ces ateliers, des enfants de diverses origines avaient les mêmes demandes vis-à-vis de leur culture d’origine. J’ai donc monté un projet intitulé La musique des autres, au sein duquel Arnaud Dolmen intervient sur les musiques guadeloupéennes. D’autres ateliers sont consacrés aux musiques mandingues, indiennes, du Sud-Est asiatique… Il s’agit de réhabiliter la richesse des cultures qui cohabitent en France.
Un autre monde, votre dernier disque avec la formation Rhythms Of Resistance, donnera lieu à un concert à Points Communs. Vous y défendez l’idée d’une alternative au capitalisme. La musique peut-elle, selon vous, changer le cours du monde ?
N.J. : J’aimerais tant. Mais à défaut d’y parvenir, la musique suscite des questions, invite à la lutte, soigne… À travers mes compositions, j’essaie de parler du monde dans lequel je vis. La musique est autant politique que poétique. Même lorsqu’on fait de la musique divertissante, le fait que des gens traversent ensemble, à travers elle, une émotion profonde constitue déjà une forme de subversion. Alors changer le monde, non. Mais on peut donner envie aux gens de s’impliquer. On peut les éveiller à d’autres modèles.
Entretien réalisé par Jacques Denis
Tél. : 01 34 20 14 14.
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