La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -285-Le Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape : un lieu de création partageur

Transmetteur à multiples fréquences, entretien avec Yuval Pick

Transmetteur à multiples fréquences, entretien avec Yuval Pick - Critique sortie Danse Rillieux-la-Pape Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape
Yuval Pick Crédit : Sébastien Erôme

Entretien avec Yuval Pick

Publié le 21 février 2020 - N° 285

Le rapport entre danse et musique est au cœur de votre travail.

Yuval Pick : Oui, la musique est ma matière première, ma source d’inspiration. Parfois elle nous berce, nous inclut et nous avons avec elle ce que j’appelle un rapport maternel. Parfois elle crée au contraire un espace ouvert, qui ne nous contient pas forcément. Cela induit un rapport différent, que j’appelle paternel, presque rebondissant, comme un ping-pong entre sons et mouvements. Je navigue sans cesse entre les deux. Parfois la musique entre dans le corps, nourrit la danse, parfois un dialogue s’installe entre musique et danse.

Pouvez-vous nous parler de la méthode que vous avez développée : Practice ?

Y.P. : En tant qu’artiste, je me vois comme un transmetteur. C’est par rapport à cette notion de transmission que j’ai créé Practice, une manière de pratiquer au quotidien qui me semble très importante pour alimenter ma danse. Mon objet n’est pas la forme, chaque mouvement doit être une action nourrie par une intention. J’utilise des images car elles s’attachent à quelque chose de sensoriel, d’intime. Je peux dire par exemple « souris avec le bassin » ou « atterrit avec le cœur ». Cela permet d’aller au-delà de ce qu’on connait d’un geste. Mes interprètes et moi enseignons cette méthode dans de nombreux ateliers, à destination de danseurs professionnels mais aussi d’amateurs.

« Je dirige une maison d’artistes, un lieu d’expérimentation. »

Le CCNR accueille également des artistes en résidence. En quoi est-ce important ?

Y. P. : Même si nous avons un public, des temps forts, le CCNR n’est pas un lieu de diffusion. Par conséquent je privilégie la création, la protection de l’acte de création, si fragile et essentiel. Je dirige une maison d’artistes, un lieu d’expérimentation. Partager nos studios avec d’autres est pour moi fondamental. C’est l’occasion de rencontres et les artistes en résidence laissent après leur passage des traces sur le public, sur moi, sur les danseurs. Nous allons également accueillir prochainement une cellule de jeunes diplômés en danse. Il y a un manque, une zone grise entre l’école et le champ chorégraphique professionnel. Ces jeunes auront l’opportunité de travailler le répertoire de ma compagnie mais aussi avec d’autres chorégraphes que j’inviterai. C’est quelque chose qui me tient à cœur.

Comment le CCNR s’ancre-t-il sur le territoire de Rillieux-la-Pape ?

Y. P. : Nous proposons des spectacles et des ateliers pour les écoles de Rillieux et des stages pour leurs enseignants. Nous organisons chaque année un bal moderne qui a beaucoup de succès. J’ai également créé trois projets participatifs avec les habitants, des jeunes aux seniors. Mon assistante Sharon Eskenazi a fondé une association très importante qui s’appelle Danseurs sans frontières et vise à faire danser ensemble de jeunes Rilliards de différentes communautés, de différents milieux. J’ai créé avec eux une pièce qui s’appelle Flowers Crack Concrete et a été présentée lors de la 18ème Biennale de la Danse de Lyon. Ils sont un groupe d’une vingtaine de jeunes et certains d’entre eux commencent à avoir une carrière de danseur, c’est une belle réussite.

 

Propos recueillis par Delphine Baffour

A propos de l'événement

Centre Chorégraphique National de Rillieux-la-Pape
30 ter avenue Général Leclerc, 69140 Rillieux-la-Pape.

Tél : 04 72 01 12 30.

www.ccnr.fr

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