Invasion ! Théo Mercier
Deux spectacles et une installation dans le [...]
Focus -268-La Criée ~ Théâtre national de Marseille
Metteur en scène phare du théâtre français, Thomas Jolly s’attaque à la plus cruelle des pièces de Sénèque, Thyeste.
« Thyeste est un texte qui n’a pas été beaucoup monté. Je l’ai découvert à l’école du Théâtre national de Bretagne. Et après neuf ans passés à travailler sur des œuvres de Shakespeare – qui s’est largement inspiré de Sénèque –, la transition était presque naturelle pour moi. Pour autant, si Shakespeare est un fleuve bouillonnant qu’il faut dompter, Sénèque ressemble plus à un désert de pierres. Si bien qu’en continuant à travailler avec les mêmes acteurs, dans le même état d’esprit coopératif, ce spectacle développe une théâtralité plus aride, plus brute. Il n’y aura pas d’escaliers à roulettes sur scène, mais un espace grandiose, avec un colosse au milieu, sculpture monumentale écroulée, ou inachevée, comme on voudra la voir.
La question du monstre
Ce qui m’intéresse dans Thyeste, c’est la cruauté et la monstruosité. Plus j’avance, plus je m’aperçois que mon travail se resserre autour de la question éminemment théâtrale du monstre. Dans Thyeste, avec le héros qui se venge de la trahison de son frère en lui servant ses enfants à manger, Sénèque donne à voir la transformation d’un homme en monstre mythologique. Elle oppose même deux monstres qui se vouent une haine extrême, sans qu’il y ait une seule goutte de sang, pas un seul acte d’horreur sur scène. Tout se déroule à travers les mots qui font s’imaginer l’atrocité. On est dans un théâtre impossible, dans un irreprésentable où s’exprime cette propension de l’homme à verser dans la colère que Sénèque proposait de canaliser par la signature d’un traité d’indulgence mutuelle. »
Propos recueillis par Eric Demey
Tél. 04 91 54 70 54. www.theatre-lacriee.com
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