La Terrasse

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Thomas Ostermeier

Thomas Ostermeier - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 septembre 2010

LES DÉMONS DE LA BOURGEOISIE

Thomas Ostermeier monte Démons : le huis clos cruel de deux couples qui, pleins de vide et d’ennui, s’abandonnent à leurs démons. Entre réalisme social et noirceur onirique.

Que représente Lars Noren pour vous ?
Thomas Ostermeier : Pour moi, il y a deux Lars Noren. Celui d’avant et celui d’après la crise qui l’a porté à cesser d’écrire des pièces de chambre. Catégorie 3.1 fut un moment très important dans ma carrière. C’était une pièce qui par sa longueur et le nombre de personnages s’affranchissait des contraintes ordinaires du théâtre. Elle traitait de thématiques sociales comme la précarité et la nouvelle pauvreté qui ont émergé plus tard en Allemagne. Démons est une pièce de la première période de Noren, celle des textes sur les couples bourgeois, et j’avais très envie de la monter depuis longtemps.
 
Pourquoi ?
T.O : Tout d’abord, c’est une merveille pour les acteurs. Quand je monte du Shakespeare par exemple, je réfléchis beaucoup sur les chorégraphies, sur les images. Mais avec un tel texte, on peut travailler pendant des heures avec les acteurs sur l’interprétation des personnages. De plus, cette pièce est plus noire que les autres. D’abord psychologique, elle prend progressivement une dimension métaphysique qui la rapproche du théâtre de l’absurde. Ces deux couples entrent dans une sorte de décadence parce que leur confort de vie bourgeois contribue à vider leur existence de tout sens et les prive de toute capacité de s’émouvoir.
 
« Une sorte de laboratoire comportemental où l’être humain se métamorphose en insecte. »
 
Quelle mise en scène en proposez-vous ?
T.O : J’ai retiré les deux dernières scènes que je trouvais d’un symbolisme trop appuyé. Par ailleurs, le plateau sera entouré de caméras de surveillance qui traquent et projettent sur les murs les mouvements des mains, des bouches, des yeux, les mimiques des personnages. On se trouve ainsi devant une sorte de laboratoire comportemental où l’être humain se métamorphose en insecte. Car chacun, surtout confronté à l’ennui, peut être rattrapé par ces démons.
 
Propos recueillis par Eric Demey


Démons de Lars Noren ; mise en scène de Thomas Ostermeier. Du 3 au 11 décembre 2010. Ateliers Berthier.

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