La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -309-Les 10 ans d’anthéa : excellent anniversaire !

Succès et joie, avec Daniel Benoin

Succès et joie, avec Daniel Benoin - Critique sortie  Antibes
Daniel Benoin © DR

Entretien / Daniel Benoin / Anthéa

Publié le 26 mars 2023 - N° 309

Après 37 ans passés dans le cocon des CDN, Daniel Benoin s’est lancé dans l’aventure impulsée il y a dix ans par Jean Leonetti, maire d’Antibes et président de la Communauté d’Agglomération de Sophia Antipolis.

Comment résumer ces dix ans ?

Daniel Benoin : J’entretiens une relation très particulière avec ce théâtre que j’ai vu naître. J’ai participé au jury qui a choisi la maquette du bâtiment, ce qui a été fondamental puisque cela m’a permis de participer à l’adaptation du projet à son usage. J’en suis ensuite devenu directeur et j’ai eu la chance de choisir toute l’équipe avec laquelle j’allais travailler. J’ai dirigé des CDN pendant 37 ans : me retrouver à la tête de ce projet a été un défi passionnant et une chance absolue. J’ai pu, en particulier, me défaire des injonctions programmatiques imposées aux CDN – dont je ne discute pas la légitimité – et accueillir toutes les formes qui peuvent se déployer sur un plateau : la musique, l’opéra, la danse, l’humour, en ayant à cœur l’importance du soutien à la création. Bilan : 1000 spectacles, 2500 représentations, plus de 100 créations, produites ou coproduites, et 1,2 million de spectateurs. Honnêtement, j’ai moi-même été sidéré par le succès : j’espérais 40000 spectateurs au bout de six ans, nous avons atteint ce nombre au bout d’un an et demi ! Il faut rendre hommage à Jean Leonetti : c’est lui qui a voulu ce théâtre, il fait partie de ses spectateurs les plus assidus et c’est un interlocuteur de grande valeur intellectuelle, qui ne nous a jamais fait subir la moindre pression en dix ans.

« Rien ne me fait plus plaisir que lorsque les spectateurs disent leur joie d’avoir découvert des choses. »

Comment s’est constitué le public ?

D.B. : Sa moyenne d’âge est de 39 ans, ce qui est jeune. Sophia Antipolis est la première technopole de France et d’Europe. Ceux qui y vivent viennent du monde entier ; l’essentiel des emplois (en constante augmentation) relève du tertiaire numérique. C’est la partie la plus active de la Côte d’Azur. La moitié du public vient de l’agglomération, l’autre d’une zone qui se déploie de Sanremo à Toulon. Deux restaurants, un parking : il fallait que ceux qui viennent trouvent ces commodités sur place. Il y a aussi un public jeune du fait des nombreuses universités et grandes écoles, auxquels s’ajoutent les établissements scolaires. C’est un public d’actifs, plutôt favorisés, mais pas seulement, qui se caractérise surtout par son hétérogénéité. Voilà pourquoi je tiens à notre politique d’abonnement qui force à mêler, quand on compose son menu, des propositions plus ou moins pointues. À Paris, les publics sont différents ; ici, ils se réunissent. L’abonnement vaut donc comme pédagogie : le public est contraint à la découverte et rien ne me fait plus plaisir que lorsque les spectateurs disent leur joie d’avoir découvert des choses qu’ils n’auraient pas spontanément été voir. Voilà aussi pourquoi nous travaillons intensément avec les élèves et étudiants. Je continue, comme à Saint-Etienne ou à Nice, à faire tourner des spectacles dans les établissements scolaires et, à force d’habitude, les jeunes finissent par venir au théâtre. Même souci de la jeunesse (qui croise la spécificité numérique de l’emploi local) avec le Collectif 8, composé d’anciens élèves de Saint-Etienne qui m’ont suivi à Nice puis à Antibes et qui explorent les rapports entre théâtre et arts numériques. Depuis dix ans, ils répètent dans le théâtre, créent un spectacle par an et interviennent auprès des scolaires.

Que va-t-il se passer le 5 avril ?

D.B. : Ce jour-là est celui de l’anniversaire, mais les manifestations vont se déployer jusqu’en juin, et commencent même en amont, avec la tournée du spectacle itinérant Dégustation de scènes, avec 60 représentations dans 30 établissements scolaires du département en mars et avril. Le soir du 5 avril, Lambert Wilson chante Kurt Weill avec 20 musiciens, après qu’auront eu lieu le vernissage de l’exposition sur nos dix années de production et la dédicace du livre de Gilles Costaz. Des projections vidéo auront lieu sur la façade : nous voulons mettre le bâtiment lui-même à l’honneur et nous allons faire la fête sur la magnifique terrasse qui donne sur la mer. Pourvu qu’il fasse beau ! Je suis très content d’être dans ce théâtre dont la construction, la fréquentation et les créations sont de belles réussites. J’espère que tout participera à partager cette joie.

Propos recueillis par Catherine Robert

A propos de l'événement

10 ans d'anthéa


Tél. : 04 83 76 13 13.

Site : www.anthea-antibes.fr

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