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Focus -292-Le Malandain Ballet Biarritz

Stravinski ou le sens du sacré par Thierry Malandain et Martin Harriague

Stravinski ou le sens du sacré par Thierry Malandain et Martin Harriague - Critique sortie  Biarritz Malandain Ballet Biarritz - Centre Chorégraphique National
Thierry Malandain © Jean-Marie Périer Martin Harriague © Håkan Larsson

Entretien

Publié le 25 septembre 2021 - N° 292

Thierry Malandain et Martin Harriague célèbrent leur collaboration avec un superbe programme Stravinski composé de L’Oiseau de feu et du Sacre du Printemps. Retour sur le parcours du plus jeune des deux chorégraphes et genèse d’une création.

Martin, votre parcours est très lié au Malandain Ballet, c’est après l’avoir vu danser que vous avez eu envie de vous consacrer à cette discipline…

Martin Harriague : En effet, ma mère m’emmenait voir le Malandain Ballet lorsque j’étais jeune. Son Casse-noisette a été l’un des déclencheurs de ma vocation. Quand j’ai voulu commencer la danse à 19 ans, j’ai écrit à Thierry qui m’a répondu et donné de très bons conseils. Deux ans plus tard, j’ai auditionné au Ballet Biarritz Junior et il m’a donné ma chance. J’ai intégré cette compagnie qui formait de jeunes danseurs et y ai beaucoup appris.

Plus tard vous vous êtes présenté au Concours de jeunes chorégraphes organisé par le Malandain Ballet et le Ballet de l’Opéra de Bordeaux.

M.H. : Oui, alors que j’étais installé en Israël, la directrice du Ballet Biarritz Junior qui est devenu Dantzaz, une compagnie indépendante, est venue voir le travail que je présentais avec les danseurs de la Kibutz Contemporary Dance Company. Elle m’a parlé de ce concours et encouragé à le présenter. Être l’un des deux lauréats m’a permis de créer Sirènes, en 2018, pour les danseurs du Malandain Ballet.

Puis vous y êtes devenu artiste associé. Thierry, pourquoi avoir proposé à Martin cette association ?

Thierry Malandain : Lorsque le ministère de la Culture nous a proposé de nommer un artiste associé, il m’a semblé naturel de faire cette proposition à Martin, cela s’est imposé.

Cela se matérialise aujourd’hui avec la création d’un programme Stravinski dans lequel vous partagez l’affiche. Comment est-il né ?

T.M. : Didier Deschamps, alors directeur de Chaillot, voulait inviter la compagnie et j’ai proposé que l’on fasse un programme commun. J’avais le sentiment que la puissance du Sacre convenait bien à la danse de Martin. Il était un peu réticent au début mais une fois cette idée acceptée, j’ai décidé de reprendre de mon côté L’Oiseau de feu pour présenter une soirée Stravinski.

Chorégraphier le Sacre est un véritable challenge. Martin, était-ce la raison de votre réticence ?

M.H. : Oui, même si c’est la musique de Stravinski que je préfère, créer un Sacre est tellement difficile quand existe celui de Pina Bausch par exemple. Finalement je me suis dit pourquoi ne pas essayer de faire un peu comme Thierry, de plonger dans la documentation, d’être un transmetteur. Je me suis donc abondamment renseigné, j’ai regardé tous les Sacre existants pour ne copier personne et mieux comprendre l’œuvre. On a tellement fait de Sacre ! J’ai voulu de mon côté revenir à l’original, au plus près de l’argument, avec une approche moderne. J’ai aussi voulu faire en sorte que chaque instrument puisse se voir dans les mouvements des danseurs.

« S’interroger sur notre raison d’être au monde me paraît primordial. »

Thierry Malandain

« J’ai voulu revenir à l’original, au plus près de l’argument, avec une approche moderne. »

Martin Harriague

Thierry, de votre côté vous avez choisi l’épure, un vocabulaire très classique pour votre Oiseau de feu.

T.M. : Oui, je voulais cultiver l’épure, le thème de cette pièce le nécessitait. Et puis c’est aussi un pied de nez à notre époque. Je sais que son côté religieux peut déplaire mais je m’en fiche. Je trouve que la période manque de sens et le sens c’est le sacré. S’interroger sur notre raison d’être au monde me paraît primordial.

Votre association arrive à son terme à la fin de cette année. Que va-t-il se passer ensuite ?

M.H. : En effet, notre association se termine en décembre et nous sommes actuellement en pleine réflexion.

T.M. : Honnêtement nous ne savons pas encore ce que nous allons faire. Même s’il a des commandes d’autres compagnies, nous ne voulons pas lâcher Martin et allons l’aider d’une autre manière. Mais c’est compliqué et l’avenir est vraiment inconnu. Et puis de mon côté je devrai me retirer du Ballet en décembre 2024.

 

Propos recueillis par Delphine Baffour

A propos de l'événement

Malandain Ballet Biarritz - Centre Chorégraphique National
Gare du Midi, 64200 Biarritz

Tél : 05 59 24 67 19. malandainballet.com.

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