Stéphane Boitel et Philippe Quesne interrogent notre rapport à la disparition : « Spectres, revenants et autres fantasmagories »

D’où est venue cette idée d’une thématique « spectres, revenants et autres fantasmagories » ?

Philippe Quesne : L’idée de départ est venue du spectacle Fantasmagoria, que j’ai créé à partir de la figure de Robertson, un artiste belge qui a obtenu un grand succès à Paris juste après la Révolution Française. C’est lui qui a lancé le genre des fantasmagories à base de lanternes magiques et de plaques de métal qui vibrent pour faire des bruits de tonnerre. J’ai réalisé avec ce spectacle un cabaret sans humains, pour pianos esseulés.

Stéphane Boitel : L’autre spectacle important de Constellation en termes d’installation au plateau, c’est Rituel 5 : La Mort d’Émilie Rousset et Louise Hémon. À partir de témoignages recueillis auprès de tous ceux qui prennent en charge la mort par leur métier – une désigneuse de cercueil, une maquilleuse de cadavres… –, le spectacle met en scène leur travail au quotidien pour explorer comment la société ritualise ces moments de la vie.

Qui sont les artistes invités ?

P.Q. : Laura Vazquez a co-écrit les textes du Jardin des délices créé à Avignon l’été dernier. C’est une poétesse géniale qui a reçu le Goncourt de la poésie en 2023. Elle lira ses derniers écrits lors d’une lecture performée intitulée Des gens ordinaires basculent dans le crime. Isabelle Prim dont on entend la voix dans Fantasmagoria projettera son film autour des derniers mots qu’écrivent des auteurs avant de mourir (Je serai quand même bientôt tout à fait mort enfin). Ola Maciejewska est une artiste que nous soutenons avec la Ménagerie de Verre à Paris, tout comme Samir Kennedy qui proposera un récital de chansons autour du deuil et de la mort (The Aching). Et puis il y aura aussi un concert des Taupes (Welcome to Caveland). La plupart des propositions sont pleines d’humour et de poésie.

S.B. : Michikazu Matsune lit dans une forme ritualisée des lettres d’adieu (Goodbye). Anne Gourdet-Marès organise à la Cinémathèque une séance de lanterne magique avec des plaques d’époque, dans une projection à l’ancienne en mode spiritisme (Histoire(s) de lanterne magique). Un vaste imaginaire se déploie, mêlant épouvante, tendresse, fantaisie et poésie.

Propos recueillis par Eric Demey