Simon Le Borgne sort du cadre

« J’ai quitté l’Opéra de Paris à un moment où je dansais beaucoup, tout en ressentant le besoin de me déplacer dans un cadre plus libre. Ce n’était pas une rupture, mais une transition. J’avais besoin de digérer ce que j’avais accumulé en tant qu’interprète, de le retranscrire selon mes propres termes. La création, ce n’est pas juste aboutir à une forme : c’est expérimenter, chercher, laisser du vide pour que quelque chose advienne. Après avoir temporairement rejoint le Tanztheater Wuppertal, j’ai créé ma première pièce, Ad Libitum, avec Ulysse Zangs, ancien danseur devenu compositeur. La pièce interroge nos influences, nos limites, et les rôles que nous acceptons ou rejetons.

Créations et bifurcations

Aujourd’hui, je structure ma compagnie autour de la tournée d’Ad Libitum et d’une création avec mon frère David, La brûlure la plus lente. Il a notamment dansé avec Alain Platel, puis s’est tourné vers la photographie et les arts visuels. Il a commencé à brûler ses tirages sur plexiglas, à les transformer en objets sculpturaux. Ce geste de brûlure, de transformation lente, est devenu le cœur de notre réflexion. Il existe une vraie résonance avec Ad Libitum, qui questionnait déjà l’identité, les enveloppes corporelles, le désir de se défaire de soi. Ce projet marque une nouvelle étape plus collective, plus ambitieuse. Le soutien du mécénat de la Caisse des Dépôts vient étayer cette dynamique. Il nous permet de travailler avec Mathilde Blottiere, qui nous aide à structurer durablement la compagnie. Nous sommes dans ce moment où les projets sortent du studio, de la tête, pour rencontrer le monde ».

Propos recueillis par Agnès Izrine