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Focus -339-Simon-Élie Galibert crée Race d’ep grâce à l’Incubateur de la Comédie de Béthune
Diplômé en 2020 de la section mise en scène de l’École du Théâtre national de Strasbourg (TNS), Simon-Élie Galibert crée, à 32 ans, Race d’ep – Réflexions sur la question gay à la Comédie de Béthune. Une mise en miroir de trois textes : La Mort Difficile de René Crevel, Génie Divin et LXiR de Guillaume Dustan.
Quel a été votre parcours avant d’intégrer l’Incubateur de la Comédie de Béthune ?
Simon-Élie Galibert : Mon intérêt pour le théâtre a commencé, lorsque j’étais enfant, par des cours d’improvisation. Très vite, j’ai beaucoup aimé ça. J’ai donc décidé d’orienter mes études dans cette direction, suis monté à Paris, me suis inscrit dans une école d’art dramatique en parallèle à une fac de cinéma. Je me suis alors aperçu que ce qui m’intéressait vraiment, c’était la mise en scène et non le jeu. Avant d’entrer à l’École du TNS, j’ai mis en scène les deux parties de Violences de Didier-Georges Gabily ainsi que La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès.
Vos goût vous orientaient vers des textes quasi contemporains…
S.-É.G. : Oui, ainsi que vers des textes à cheval entre le roman et le théâtre. Des textes plus proches de logorrhées que de situations. Des textes sensibles au verbe, pourrait-on dire, qui accordent une grande place aux paroles monologuées. Et puis, je me suis rendu compte que j’arrivais au bout d’un processus, j’ai voulu me former à la mise en scène. C’est là que j’ai postulé à l’École du TNS qui était à l’époque dirigé par Stanislas Nordey. Je me suis dit qu’il y avait une rencontre possible avec lui, parce qu’il me semblait que l’on appartenait à une même famille théâtrale, notamment à l’endroit de ce qui nous liait aux textes contemporains. Je souhaitais également entrer à l’école du TNS pour côtoyer des scénographes, des créateurs son, des créateurs lumière, afin de pouvoir développer mon geste de mise en scène. Je dois dire qu’à l’époque, j’étais très marqué par de grands spectacles que j’avais vus au Festival d’Avignon.
Quels spectacles ?
S.-É.G. : La Mouette d’Arthur Nauzyciel, Enfant de Boris Charmatz, Le Maître et Marguerite de Simon McBurney…, des spectacles qui n’avaient rien à voir les uns avec autres, qui développaient des possibilités de théâtre complètement différentes. C’est d’ailleurs à ce moment-là que je me suis rendu compte que je pouvais ressentir une forme de rejet vis-à-vis de certaines propositions et, en même temps, m’apercevoir qu’elles me déplaçaient profondément.
J’ai compris que le théâtre avait une existence après la représentation. Le théâtre, ce n’est pas que du plaisir sur le moment, c’est aussi une expérience de vie. Ce sont des impressions qui voyagent après la représentation, qui font corps avec nous, qui travaillent avec notre imaginaire et notre sensibilité.
Après l’École du TNS, vous avez intégré l’Atelier Cité du CDN Toulouse Occitanie…
S.-É.G. : Oui, puis j’ai obtenu la bourse « Création en cours » des Ateliers Médicis avec un projet autour de L’Opoponax de Monique Wittig. Ensuite, en 2023, j’ai rejoint l’Incubateur de la Comédie de Béthune grâce auquel j’ai pu créer ma compagnie, Venir Faire, et travailler à la création de Race d’ep – Réflexions sur la question gay (ndlr, spectacle interprété par Aymen Bouchou, Thomas Gonzalez, Roman Kané, Angie Mercier et Claire Toubin).
Qu’est-ce qui est au cœur de votre envie de faire du théâtre ?
S.-É.G. : Peut-être le vertige qu’implique le fait de plonger dans la tête de quelqu’un, de regarder le monde depuis son point de vue, de l’épouser complètement. Il se trouve que dans Race d’ep, je plonge dans la tête de deux auteurs très différents, René Crevel (ndlr, 1900-1935) et Guillaume Dustan (ndlr, 1965-2005). Mais comme je ne voulais pas d’un spectacle purement bicéphale, uniquement composé de La Mort Difficile d’un côté, de Génie Divin et de LXiR de l’autre, j’ai créé un espace pour raconter de manière dramaturgique l’inscription de ces littératures dans une histoire plus large. A travers la fiction de René Crevel et la parole de Guillaume Dustan, j’essaie de rappeler quelques fondamentaux, de faire comprendre qu’il y a encore aujourd’hui des problèmes structurels d’acceptation de l’homosexualité. J’essaie de dire de façon libre, pas du tout moraliste, qu’il faut faire attention aux gens qui nous entourent, que l’on peut vraiment envisager la question gay comme une opportunité de faire évoluer la société, de réinterpréter mille petites choses que l’on croit être naturelles, indéboulonnables, mais qui ne le sont pas.
Manuel Piolat Soleymat
à Comédie de Béthune, du 9 au 11 février au Théâtre de la Cité à Toulouse.
Comédie de Béthune - Centre dramatique national Hauts-de-France
138 rue du 11 novembre, 62400 Béthune
Tél. : 03 21 63 29 19.
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