Festen
Tuilant les arts de l’image et ceux de la [...]
Focus -255-THÉÂTRE NATIONAL DE BRETAGNE
Arthur Nauzyciel souhaite faire de ce théâtre un lieu de transmission, de rencontres et de confrontations.
Quel est votre projet pour le TNB ?
Arthur Nauzyciel : Le TNB est un lieu pluridisciplinaire, en phase avec mon parcours. Collaborer avec des artistes d’autres disciplines et nationalités, comme je l’ai toujours fait, est l’occasion de montrer les résonances entre les arts, de défendre un théâtre de texte dans la conscience des enjeux esthétiques d’aujourd’hui. J’espère ouvrir le TNB à tous les publics, créer des liens avec d’autres institutions, car ce théâtre doit être en accord avec les valeurs de la ville de Rennes et de son territoire : le débat intellectuel, les valeurs de la République, l’ouverture sur l’autre, la recherche, l’innovation. A l’image de son Ecole, le TNB doit devenir un lieu de transmission, de rencontres et de confrontations. A l’heure où la dureté du monde nous accable, nous pourrons nous ressourcer dans un lieu de vie, de respect, d’intelligence et de sensibilité. Car le théâtre reste l’un des rares endroits où les gens se réunissent autour d’un rêve commun, et non d’un ennemi commun. Cette première saison est intitulée Nous sommes séparés. Frontières, divisions, murs, traversent les récits que chaque création tentera de réparer.
Pourquoi avoir choisi de reprendre trois de vos anciens spectacles ?
A. N. : N’ayant jamais joué à Rennes, j’ai voulu partager avec le public et l’équipe du TNB des histoires de vie et de théâtre importantes dans mon parcours, entre la France et l’étranger. Chacun relève d’une nécessité profonde. Julius Caesarde Shakespeare a été créé en 2008 à Boston. J’y ai noué des complicités artistiques essentielles qui ont nourri les dix années de création qui ont suivi. Jan Karski (mon nom est une fiction)– spectacle créé en 2011 au Festival d’Avignon avec Laurent Poitrenaux – est emblématique de mon travail : un théâtre de réparation, au sein duquel la parole ressuscite les morts. L’Empire des lumières, créé en 2016 à Séoul, est une nouvelle étape. Le plateau est également lieu de mémoire, mais le cinéma y occupe une place particulière.
« Nous pourrons nous ressourcer dans un lieu de vie, de respect, d’intelligence et de sensibilité. »
Quel sens donnez-vous au groupe d’artistes et chercheurs associés* que vous avez constitué ?
A. N. : Nos spectacles doivent rendre compte de la diversité de ce monde pour que les spectateurs puissent s’y reconnaître. Ceci, sans effet catalogue, mais en formant un ensemble de propositions qui font sens les unes par rapport aux autres et témoignent de l’extraordinaire diversité du théâtre public. Metteurs en scène, chorégraphes, plasticiens, performeurs, musiciens, écrivains : ces artistes constituent une communauté humaine dont le regard, le travail, le talent, nous aideront à déplacer le TNB vers de nouveaux territoires imaginaires, artistiques et géographiques.
Quelles sont, pour vous, les principales missions de l’Ecole du TNB ?
A. N. : Pour la première fois depuis sa création, le directeur du TNB sera aussi celui de l’Ecole. A mes côtés, l’ensemble des artistes et chercheurs associés seront impliqués dans le projet pédagogique, pour développer une formation de l’acteur pluridisciplinaire et ouverte sur l’international. L’Ecole sera le prolongement ou l’origine de ce qui se joue sur les plateaux : un véritable lieu de recherche, de renouvellement et de compréhension du théâtre, pour les élèves comme pour les artistes.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
*Jean-Pierre Baro, Julie Duclos, Vincent Macaigne, Guillaume Vincent, Damien Jalet, Sidi Larbi Cherkaoui, Gisèle Vienne, Mohamed El Khatib, Phia Ménard, Marie Darrieussecq, Yannick Haenel, Valérie Mréjen, M/M, Xavier Veilhan, Albin de la Simone, Keren Ann, et Patrick Boucheron.
Théâtre National de Bretagne,
1 rue Saint-Hélier, 35040 Rennes.
Tél : 02 99 31 12 31.
Tuilant les arts de l’image et ceux de la [...]