Sarah Lenka, un sillon original

Elle fut reçue aux Beaux-Arts mais décida de suivre une autre voie, intégrant la London Music School. C’est ainsi que Sarah Lenka a trouvé sa voix, intégrant différentes formations, trip-hop comme folk. C’est en revenant à Paris cinq ans plus tard qu’elle choisit de creuser le sillon du jazz. Bientôt elle enregistre l’explicite Am I Blue, premier album où elle fait sien le répertoire de Billie Holiday, du jazz teinté de blues, un voile de mélancolie qui colle parfaitement à son timbre de voix. Son troisième album rend visite à une autre grande dame de la communauté afro-américaine, Bessie Smith, sur le très recommandé label Jazz & people.

Dans le sillage des femmes

Registre folk-blues, Sarah Lenka affine un grain de voix et affirme une sensibilité. Impressions confirmées avec Women’s Legacy, où elle reprend des chants de femmes maltraitées, qu’elle a patiemment collectés et habités de son chant. C’est encore dans cette veine qu’elle a publié en 2022 un EP Mahala, avec le soutien de la flûtiste Naïssam Jalal, de la pianiste Macha Gharibian et de la chanteuse Awa Ly. Son nouvel album, Isha, évoquera l’exil des femmes et le déracinement. Comme le symbole de l’ADN musical d’une chanteuse qui façonne une identité se jouant des frontières comme des œillères.

Jacques Denis