SAÏD ASSADI
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Publié le 10 janvier 2009
« Démontrer l’actualité des musiques du monde »
Directeur du label Accords Croisés et initiateur du festival, Saïd Assadi crée l’événement en présentant dans un même lieu une large palette de musiques du monde de grande qualité.
Comment est née l’idée d’un festival autoproduit par plusieurs labels ?
Saïd Assadi : Après une première édition pilote, j’ai souhaité associer différents labels et tourneurs autour de l’organisation d’un festival. Un festival atypique car reposant sur la mutualisation des moyens de production, dans un contexte où il est difficile de faire jouer les musiques du monde, notamment à Paris. Comme nous l’enseigne le proverbe africain : « Si tu veux aller vite, va seul. Si tu veux aller loin, pars accompagné… ». Les artistes peuvent ainsi jouer dans une belle salle, dans des conditions techniques optimales, tout en proposant au public des tarifs accessibles. Concordance rare à Paris…
« Un festival atypique car reposant sur la mutualisation des moyens de production. »
Le but est-il d’ouvrir ces musiques à de nouveaux publics ?
S.A. : Notre but est de démontrer l’actualité des musiques du monde, de dépoussiérer leur image folklorique. Le choix du lieu tend justement à éviter une connotation trop traditionnelle : l’Alhambra est une salle neuve, équipée pour les musiques amplifiées. De la même façon, nous avons programmé des artistes ayant une actualité en cours, un album sorti en 2008 ou 2009. Le public des musiques du monde est en perpétuel développement. Et c’est grâce à sa curiosité que les musiques occidentales s’ouvrent aux musiques d’ailleurs, bien que les décideurs médiatiques et culturels ne laissent paradoxalement qu’une place marginale à ce champ musical riche.
Se concentrer sur les musiques vocales est-il un vœu personnel ?
S.A. : Je suis particulièrement sensible à la voix : le chant interpelle. Et quand il s’agit d’une musique qui vient d’ailleurs, la voix communique encore plus facilement l’émotion, même quand on ne comprend pas la langue. Le chant est ce qu’il y a de plus représentatif d’une esthétique. Sans réduire le rôle des musiciens instrumentistes avec qui j’aime travailler, le chanteur est pour moi le meilleur porte-parole d’une culture.
Propos recueillis par Vanessa Fara