La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -146-Biennale

Rosalind Crisp

Rosalind Crisp - Critique sortie Classique / Opéra

(crédit Patrick Berger) : Rosalind Crisp en dialogue avec les mots et l'espace

Publié le 10 mars 2007 - N° 146

Danse (1) : « Le voyage d’une femme, sans autre sujet que la danse et le
corps. »

En lien avec Isabelle Ginot, critique de danse et universitaire, Rosalind
Crisp pose la question de la perception du spectacle en jouant sur une multitude
de points de vue.

Comment intégrez-vous la singularité du lieu dans cette pièce modulable ?

Le projet Danse est la base d’un travail à partir duquel j’ai créé des
spectacles dans différents lieux. Chaque fois que nous montrons la pièce, nous
essayons de la créer en relation avec le lieu. Il y a deux scènes, un grand
plateau et un petit plateau, et une boîte lumineuse. Cela se passe dans la
petite salle du Centre des Bords de Marne : nous ouvrons l’espace en repliant
les gradins et nous construisons les scènes dans cet espace. Le public, installé
sur des bancs, peut se déplacer et changer son point de vue.

Est-ce une déambulation où le public choisit ce qu’il regarde ?

Il a le choix. On ne sait pas à l’avance s’il va beaucoup bouger, cela dépend
vraiment de la configuration de l’espace. Il y a aussi sur l’écran la projection
du texte d’Isabelle Ginot, qu’elle écrit en temps réel. Le public me regarde,
regarde l’écran, ou ce qui se passe entre les deux.

Quel a été l’apport du travail d’Isabelle Ginot ?

Depuis 2005, elle vient dans le studio et écrit spontanément pendant que je
danse. Elle propose au public une façon différente de me voir, qui peut être par
exemple de « regarder l’espace entre mes coudes ». C’est une qualité
d’écriture plus poétique pour le public, non directive, mais qui peut en même
temps donner une autre façon de me voir, un autre point de vue.

Dans votre danse vous portez une attention particulière au travail des
articulations, sans recherche de fluidité. Comment y parvenez-vous ?

J’essaye de rendre visible et lisible l’acte de création. Je m’attache à
différentes consignes chorégraphiques, j’observe les mouvements et les positions
qui viennent, et j’essaye de comprendre et d’articuler la façon dont je peux
rentrer dans ces états. Il peut s’agir par exemple de chercher la suspension
avant de bouger. En ce moment, je me focalise plus sur le début du mouvement.

Tout cela est assez nu, vous dansez d’ailleurs sans musique.

Il y a un peu de musique, à la fin. Pour moi, il s’agit surtout d’écoute et
de musique du corps, qui ne peut pas aller avec une musicalité extérieure. On me
pose souvent la question de l’abstraction, mais pour moi ce n?est pas du tout de
la danse abstraite. C’est le voyage d’une femme, sans autre sujet que la danse
et le corps.

Entretien réalisé par Nathalie Yokel

Les 13 et 14 mars à 20h30, au Centre des Bords de Marne, au
Perreux-sur-Marne.

 

A propos de l'événement



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