LA NUIT DES BRUTES
CHAQUE NUIT, ETHEL ET MARIA ERRENT DE BAR EN BAR, EN QUETE VIOLENTE DE RENCONTRE… LE COMPOSITEUR ET METTEUR EN SCENE ROLAND AUZET, ARTISTE ASSOCIE A L’ESPACE DES ARTS, ET L’AUTEUR FABRICE MELQUIOT ECRIVENT ENSEMBLE CETTE ETRANGE HISTOIRE D’AMOUR A MORT.
Comment est né ce désir de rencontre ?
R. A. : J’aime les textes de Fabrice, et aussi l’homme qu’il est : un écrivain vivant et bagarrant. Son angle d’auteur me donne les éléments pour construire le récit qui convoque théâtre et musique. Il créé une sorte de polyphonie entre sonorité et sens. Ses mots sonnent comme une construction élaborée, dynamique, mais libre. Le sens reste ouvert et le spectateur se voit comme « convoqué » à penser, à s’émouvoir.
F. M. : Le mélange des disciplines que Roland pratique m’intéresse parce qu’il floute les frontières. Son univers est très personnel sans être clos sur une esthétique. Le projet de travailler avec Anne Alvaro et Clothilde Mollet m’attirait aussi. J’ai plaisir à écrire « dans les femmes », à vivre cette expérience d’altérité, ce chemin vers le féminin par l’écriture.
Vous abordez ici un sujet complexe…
F. M. : Notre capacité est grande à accepter le poids du malheur. Nous sommes soumis à des personnes, des lois ou des habitudes, nous encaissons les coups et notre corps est marqué, avant d’être sauvé par l’oubli. Le corps abîmé, abîmant, s’abîmant, c’est aussi le corps social… malmené, violent et violenté, qui semble pourtant obsédé par les plaisirs.
Comment marier texte et musique sur le plateau ?
R. A : Le matériau est global dès le début : les mots et les sons pour raconter. La dramaturgie est polyphonique.
Entretien réalisé par Gwénola David
La Nuit les brutes, de Fabrice Melquiot, mis en scène de Roland Auzet, du 4 au 6 novembre 2010.