A la découverte de musiques oubliées
Le pianiste propose une rencontre [...]
Focus -268-TKM ~ Théâtre Kléber Méleau
Pour sa troisième année à la tête du TKM Théâtre Kleber Méleau, Omar Porras défend une programmation fédératrice et exigeante.
Comment commencez-vous la saison ?
Omar Porras : La saison débute par une ambitieuse aventure : la venue du Théâtre du Soleil à Lausanne, que je suis très heureux d’accueillir. L’engagement, l’esthétique, la créativité et la pensée d’Ariane Mnouchkine sont une boussole pour beaucoup d’artistes. Les autorités publiques et des mécènes privés nous ont accompagnés pour ce projet, qui nous a permis de rassembler neuf théâtres de la scène romande. Une gageure, et un axe fort qui affermit notre saison ! Formidable épopée hors normes, Une Chambre en Inde s’adresse à tous, et face au chaos du monde choisit le rire. La pièce aborde les difficultés de la création artistique, et fait vivre au fil de l’intrigue le Theru Koothu, théâtre traditionnel tamoul. Au coeur des interrogations que le théâtre d’aujourd’hui se pose, la pièce s’attache à la préservation de superbes traditions. Le public nous suit, et nous avons déjà vendu près de 10000 billets avant même le mois d’août.
Quelle est la tonalité de cette programmation ?
O. P. : C’est une saison de métissages, comme un arc-en-ciel qui se mélange, une multiplicité d’histoires qui s’agrègent. Un peu à l’image de mon propre théâtre, parfois nourri de mythologies orientales ou amérindiennes, souvent décrit comme baroque. Le TKM Théâtre Kléber-Méleau est un laboratoire incroyable, hybride, où les artistes interrogent l’époque. C’est un lieu de communion, de réflexion, de contestation et de compréhension du monde. Peut-être que cette idée se perd, mais il me semble que les artistes sont chargés d’une responsabilité humaniste. La meilleure arme du poète pour la contestation est le poème lui-même. Nous accordons aussi une grande place à la musique, grâce à Cédric Pescia, musicien d’une grande culture associé au TKM. Certaines formes associent théâtre et musique – Sati(e)rik ! autour d’Erik Satie, et un opus qui allie textes bibliques et pages de Bach. Les publics ainsi se décloisonnent, se mêlent. La curiosité du public est énorme, et la très bonne fréquentation du théâtre le prouve.
« C’est une saison de métissages, comme un arc-en-ciel qui se mélange. »
Comment votre création intitulée Ma Colombine s’est-elle construite ?
O. P. : Elle fait suite à une proposition de Fabrice Melquiot, qui a souhaité créer un spectacle tout public à partir de mon propre parcours. Nous avons ensemble réalisé un voyage en Colombie en forme de retour aux sources nourri d’échos, de silences et de souvenirs, à 2600 mètres d’altitude, sur la cordillère vertébrale de mes ancêtres. Je suis parti seul de Colombie à 20 ans pour la France, terre de poètes et de mouvements artistiques. Avec ma valise de clown, j’ai porté en moi un théâtre sans toit, dans la rue. J’ai étudié à la Sorbonne, trouvé un groupe de travail à la Cartoucherie de Paris. La pièce montre comment un homme se construit à partir de multiples pièces rajoutées, comment la force de l’imaginaire peut nous guider pour rêver le monde autrement. Sur la scène, ce rêve constitue aussi un hommage à l’art de l’acteur, qui depuis toujours me fascine.
Propos recueillis par Agnès Santi
Tél : +41 21 625 84 29. www.tkm.ch
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