Propos recueillis Renaud Meyer
Machiavel penseur du pouvoir A partir du [...]
Focus -207-Pôle culturel d’Alfortville
Le soir de Noël, une famille se déchire autour de la grand-mère disparue (sous la table). Les mots fusent des corps et tapent fort. Jean-Claude Cotillard retrouve avec bonheur l’écriture acérée de Pierre Notte.
« J’aime beaucoup l’écriture au scalpel de Pierre Notte, dont j’ai mis en scène Journalistes et Moi aussi je suis Catherine Deneuve. Cette écriture est pour moi une gestuelle du mot : les mots fusent du corps, sans que les personnages ne prennent le temps de la réflexion, du partage, de la parole ou même du regard. Ainsi, ces mots sont des monologues, les personnages expriment là où ils en sont et les autres attrapent au vol. J’aime cette brutalité et cette immédiateté du mot. La mise en scène se construit à partir des chocs des mots, avec des personnages toujours en urgence. Se côtoient ceux qui ont fini de se regarder, la nouvelle qu’on regarde de travers, le fils qu’on ne regarde pas, la vieille qu’on a oubliée… Prisonnier d’un quant-à-soi irréductible, chacun est dans la détresse à cause de ces regards ratés. La vieille – j’aime bien ce mot – agit comme un catalyseur, réveille les tensions, les rancoeurs et les non-dits. L’écriture de Pierre, qui pourrait être redoutablement violente, se révèle très drôle et foncièrement burlesque. On atteint un tel degré d’énormité qu’on ne peut qu’en rire. J’apprécie aussi la rythmique percussive de cette écriture, scandée de phrases très courtes. »
Propos recueillis par Agnès Santi
Machiavel penseur du pouvoir A partir du [...]