Smaïl Kanouté conjugue les arts pour mieux évoquer le réel
Smaïl Kanouté est un artiste [...]
Liz Santoro a suivi un double cursus de danse classique et scientifique avant de créer la compagnie Le Principe d’Incertitude avec Pierre Godard. Elle nous parle de leur démarche artistique commune et de l’importance du soutien de la Caisse des Dépôts dans leur parcours.
Vous avez un profil atypique qui mêle danse et sciences. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Liz Santoro : J’ai commencé la danse classique à 3 ans et suivi une formation qui m’a amenée à être diplômée du Boston Ballet. Tout en jouant dans des productions de cette compagnie, j’ai candidaté dans de grandes universités car j’étais également très intéressée par la biologie, les questions scientifiques. J’ai été acceptée à Harvard et ai choisi de saisir cette opportunité pour me diriger vers un cursus de médecine qui me permettrait de travailler sur le corps et le mouvement, tout en continuant à danser. C’est à ce moment-là que j’ai découvert les neurosciences, qui à cette époque étaient assez récentes et en plein foisonnement. Elles m’ont permis d’explorer des questions somatiques passionnantes. Au moment d’entamer mes études de médecine, j’ai décidé de faire une pause pour continuer d’explorer les danses post-moderne et contemporaine. Cette pause dure depuis 20 ans ! Mais j’ai continué à me former sur les questions somatiques et l’anatomie nourrit énormément le travail que nous menons avec Pierre Godard. Il en va de même pour les recherches en sciences ou en neurosciences qui entrent en jeu dans beaucoup de nos œuvres. D’autant que cela fait aussi partie de la formation de Pierre qui a notamment fait une thèse en Intelligence Artificielle, concernant le traitement automatique des langues, à Paris-Saclay.
Parlons justement de votre démarche avec Pierre Godard. En dehors du travail sur le corps, vous vous attachez à déjouer les habitudes de regard des spectateurs…
L.S. : Il y a souvent dans notre travail un aspect génératif en temps réel, ce qui fait qu’une représentation est toujours différente de la suivante. Nous créons des systèmes que nous déployons avec les interprètes et qui ont besoin d’une présence dans la salle, de cette énergie, de cet échange. C’est pour nous quelque chose de très important. Cela est vrai également pour les pièces que nous donnons in situ. Pour Watch It par exemple, nous installons le public devant le monte-charge d’un musée puis nous ouvrons la porte du garage et les spectateurs se retrouvent face à une rue plutôt qu’à une scène. Nous jouons alors avec l’activité urbaine.
À quelles occasions avez-vous été accompagnés par la Caisse des Dépôts et que cela vous a-t-il apporté ?
L.S. : Le soutien de la Caisse des Dépôts nous a énormément apporté. Nous avons d’abord été accompagnés en 2017 pour une pièce intitulée Maps. Il s’agissait d’une création pour six danseurs, ce qui représente un nombre d’artistes important et donc un risque pour une jeune compagnie. C’était notre premier gros projet et c’était fabuleux de pouvoir recevoir l’aide de cette institution. Plus récemment nous avons déposé un dossier pour The Game of Life, notre dernière création. C’était encore une nouvelle aventure pour Pierre et moi puisque c’est la première fois que nous travaillions avec des musiciens live, ceux de l’ensemble L’Instant Donné et le compositeur Pierre-Yves Macé. Notre volonté était de questionner la relation musique et danse, d’enclencher le même procédé de composition en temps réel pour les danseurs et les musiciens, que tous soient sur un pied d’égalité. Là encore la Caisse des Dépôts s’est engagée à nos côtés en nous offrant les fonds qui nous manquaient et un suivi attentif.
Propos recueillis par Delphine Baffour
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