La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -328-À la Scène nationale du Sud-Aquitain : vitalité artistique et luxuriante diversité

Pour Damien Godet, créer c’est partir à la rencontre de l’autre

Pour Damien Godet, créer c’est partir à la rencontre de l’autre - Critique sortie
DR Damien Godet, directeur de la Scène nationale du Sud-Aquitain

Publié le 17 décembre 2024 - N° 328

Dans un territoire croisant identités régionales et cultures transfrontalières, la Scène Nationale du Sud-Aquitain invite, et ce n’est pas une gentille utopie, à davantage s’aimer. Explications de son directeur, Damien Godet, à la tête de la Scène nationale depuis 2019.

La Scène nationale du Sud Aquitain est-elle une création récente ?

Damien Godet : Sous sa forme d’EPCC (Établissement Public de Coopération Culturelle), elle remonte à 2019. Ce changement de statut lui a permis de répondre davantage aux attentes des collectivités qui la financent. Comme elle est liée à quatre lieux différents, et donc à quatre communes – Anglet, Bayonne, Boucau et Saint-Jean-de-Luz –, c’était important. C’est à partir de ce moment-là que j’en ai pris la direction et j’entame maintenant un second mandat.

Pourquoi avez-vous placé cette saison sous la thématique de l’amour ?

D.G. : Dans le contexte des tensions sociales actuelles, c’est peut-être à la fois nécessaire et un vœu pieu. Dès l’année dernière nous avions décidé de nous intéresser à la manière d’habiter le territoire. Or, la région est soumise à de fortes tensions sur le logement en raison de l’arrivée continue de nouvelles populations, plutôt aisées. Nous pensons que c’est notre rôle de favoriser le lien entre les habitants, anciens et nouveaux, qui doivent apprendre à se connaître, et à s’apprécier. Comme plusieurs spectacles que nous envisagions de programmer portaient sur l’amour, le thème s’est imposé. Et comme opération de communication, nous avons proposé aux spectateurs qui souhaitaient faire des rencontres via le théâtre de remplir des formulaires, en spécifiant leurs goûts théâtraux mais aussi leurs attentes en termes de rencontres. Nous avons déjà reçu 200 formulaires, surtout rédigés par des femmes, à l’image de notre public. Nous sommes un peu en recherche d’hommes maintenant…

« Nous sommes une terre de croisements, de diversité culturelle, ce que nous avons cherché à traduire dans notre programmation. »

Quels motifs guident votre programmation ?

D.G. : Notre territoire est celui d’un mélange de langues et de cultures –le français, le basque, l’occitan, le gascon, l’espagnol tout proche –, enrichi de nombreux apports issus par exemple de l’immigration portugaise et de la communauté juive. De plus, la Scène nationale est constituée de quatre lieux qui nous font aller des Landes au Pays Basque. Nous sommes une terre de croisements, de diversité culturelle, ce que nous avons cherché à traduire dans notre programmation. Ainsi, pour commencer, les couleurs territoriales sont particulièrement présentes. Environ un tiers des artistes programmés viennent de Nouvelle Aquitaine. Il y a une vitalité artistique liée à l’histoire de ce territoire, avec des pratiques parfois héritées des pastorales ou des cavalcades. Cet héritage transparaît notamment dans les pratiques diffusées dans l’espace public, par exemple avec Opéra Pagaï, artiste compagnon de la Scène Nationale tout comme le collectif de danseurs et musiciens Bilaka, qui crée en janvier Bezperan, le jour d’avant dans une mise en scène de Daniel San Pedro. Nous soutenons ces artistes pour les aider à diffuser sur le territoire mais aussi au-delà.

Votre travail dépasse le territoire sud-aquitain. Avec quels moyens ?

D.G. : Nous travaillons de manière transfrontalière avec le dispositif européen Pyrénart, qui réunit Pays basque, Navarre et Catalogne, des deux côtés des Pyrénées. Une quinzaine de structures y sont engagées au profit de huit artistes qu’on aide à se structurer et à se développer en dehors des frontières. Avec notre autre artiste compagnon, Delphine Hecquet, nous avons porté le spectacle Requiem pour les vivants, un projet d’envergure avec huit interprètes au plateau. Pour cela, nous avons renforcé et mutualisé le soutien avec des Scènes nationales plus éloignées – Tarbes, Brive et Albi. Et par ailleurs nous accueillons des artistes de tous horizons et de toutes disciplines, par exemple pour la quatrième fois cette année le Baro d’Evel et son drôle de cirque. Ou le flamenco iconoclaste de la superstar Israël Galvan. Ou encore le théâtre hilarant et absurde de Marguerite Bordat, avec Buffet à vif, mais aussi une performance participative, Rien de grave, dans laquelle la danse accompagnée par un orchestre jouant un menuet de Lully s’exécute… sur un tapis de boue !

 

Propos recueillis par Éric Demey

A propos de l'événement



Scène nationale du Sud-Aquitain,

Théâtre Michel Portal, 64100 Bayonne.

Tél : 05 59 59 07 27.

Théâtre Quintaou, 64600 Anglet .

Tél : 05 59 58 73 00.

Salle Tanka, Centre culturel Peyuco Duhart,

64500 Saint-Jean-de-Luz.

Tél : 05 40 39 60 87.

Salle Apollo, 64340 Boucau.

Tél : 05 59 64 67 79.

www.scenenationale.fr

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