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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -283-Le CENTQUATRE~PARIS, Festival Les Singuliers

Portraits de cette histoire de Guillaume Bruère

Portraits de cette histoire de Guillaume Bruère - Critique sortie Théâtre Paris Le CENTQUATRE-PARIS
Guillaume Bruère, autoportrait CR : Guillaume Bruère

Arts visuels / Guillaume Bruère

Publié le 15 décembre 2019 - N° 283

55 portraits de réfugiés réalisés par Guillaume Bruère donnent un visage à ceux que d’habitude l’on étiquette.

Comment est née l’idée de ces portraits  ?

Guillaume Bruère  : Ce projet n’a pas été calculé d’avance. J’habite à Berlin, à côté d’une salle de sports qui a été réquisitionnée pour accueillir des réfugiés. Je m’y suis immédiatement rendu et j’ai découvert leur situation. A part aller à leur rencontre et aider à servir à manger, je me suis demandé si je ne pouvais pas apporter quelque chose, sans savoir quoi, en faisant leurs portraits. Pour la plupart, ces réfugiés ne parlent pas français, ni allemand. Et beaucoup dans un mauvais anglais. On s’est parlé avec les gestes. Le premier portrait a été le plus difficile à faire, puis ils ont compris le principe. Je ne voulais pas les payer, mais leur donner en remerciement une photographie tirée de bonne qualité du portrait, signée. J’ai utilisé une sorte d’atelier portatif. Je posais mon matériel sur les tables, et il ne fallait pas que la pose dure trop longtemps. J’ai fait au maximum 5 portraits par jour. Jusqu’à en faire 55, qui sont ceux qui sont exposés.

« Le portrait est pour moi la pratique la plus simple et la plus difficile. »

Le portrait fait-il partie de votre pratique artistique habituelle  ?

G.B.  : Oui. J’ai réalisé des portraits dans les musées, comme ceux de Van Gogh, ou de Dürer. Parfois aussi dans de très grands formats. Le portrait est pour moi la pratique la plus simple et la plus difficile dans la peinture. Elle m’évoque Emmanuel Lévinas qui explique que quand on regarde quelqu’un, on porte la responsabilité du regard qu’on pose sur lui. Idéalement, il faudrait être sans préjugé. Un portrait doit produire quelque chose de singulier qui reste en même temps le plus objectif possible. La personne dont on fait le portrait va disparaître. On fixe là quelque chose de son esprit, de son âme. Je sais que le portrait peut paraître une pratique désuète. Mais hors de France, elle est bien plus reconnue.

 

Propos recueillis par Eric Demey

A propos de l'événement

Portraits de cette histoire de Guillaume Bruère
du vendredi 10 janvier 2020 au dimanche 16 février 2020
Le CENTQUATRE-PARIS
5 rue Curial, 75019 Paris.

du mercredi au dimanche, de 14h à 19h.

Festival Les Singuliers,

du 10 au 25 janvier 2020.

Tél : 01 53 35 50 00.

www.104.fr

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