Plaidoyer pour une civilisation nouvelle, d’après Simone Weill, mise en scène d’ Hiam Abbass et Jean-Baptiste Sastre

Comment faire face aux crises du monde moderne ? Cette question résonne fortement dans le projet de trilogie porté par le metteur en scène Jean-Baptiste Sastre, qui y répond grâce à trois auteurs : Georges Bernanos dont il a monté La France contre les robots (1947), Charles Péguy dont il a adapté Notre jeunesse (1910) et enfin Simone Weil (1909-1943). De cette grande figure de la pensée française du XXe siècle, à l’œuvre et à la personnalité singulières, il s’est emparé de plusieurs textes dont Correspondance et L’Enracinement. Si la philosophe a volontiers été cataloguée de « marxiste », si la Juive s’est convertie au catholicisme, Jean-Baptiste Sastre retient surtout que cette « agnostique disait qu’elle voyait la beauté dans le visage de l’autre », un propos qui rejoint le cœur de Regain, son autre spectacle d’après Jean Giono. Sur le plateau, la comédienne Hiam Abbass est entourée d’un chœur de femmes et d’hommes issus de plusieurs associations du territoire. Ensemble, ils permettent la rencontre littéraire et théâtrale de personnes qui n’ont pas accès à la culture. Une façon – peut-être – d’esquisser les contours d’une civilisation nouvelle.

Isabelle Stibbe