La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -150-aulnay

PHILIPPE GENTY

PHILIPPE GENTY - Critique sortie Théâtre
« Les personnages deviennent tellement présents qu’ils dépassent leur statut de marionnettes pour devenir brutalement humains. » Philippe Genty

Publié le 10 septembre 2007

BOLILOC : L’ESPACE DE L’INCONSCIENT, UN MONDE EN MÉTAMORPHOSE

PHILIPPE GENTY, ADEPTE DES TRANSFORMATIONS INOUÏES DU TISSU MOIRÉ DE NOS RÊVES, CRÉE AVEC BOLILOC UN FLIRT HALLUCINATOIRE ENTRE LE RIRE ET L’ANGOISSE, OÙ UNE VENTRILOQUE DEVIENT LA PROIE FANTASMAGORIQUE DE SON PROPRE MONDE INTÉRIEUR.

Au départ, le personnage féminin adresse son numéro au public.
Philippe Genty :
Les personnages que la ventriloque manipule au cours de son spectacle initial révèlent peu à peu leur revendication : la reconnaissance en elle de multiples personnalités, tant et si bien qu’elle se fait déborder et remettre en question. La ventriloque n’accepte pas cette suggestion, mais les personnages deviennent tellement
présents qu’ils dépassent leur statut de marionnettes pour devenir brutalement humains.

Boliloc invite à voyager dans notre monde intérieur.
Ph. G. :
J’ai toujours considéré le lieu du théâtre et de la scène comme l’espace du subconscient ou bien de l’inconscient, un monde en métamorphose, en mouvement, en gestation et en vie, à l’intérieur de la tête. Je voulais partir d’une relation nouvelle au théâtre, une relation réelle comme celle du cabaret. Un artiste face à son public fait son numéro, et les choses dérapent jusqu’à ce que les personnages basculent dans une autre réalité.

Comment la scénographie opère-t-elle ces transformations oniriques ?
Ph. G. :
Des marionnettes s’imposent d’abord, avec des têtes de poupées, plutôt réalistes, mais elles ont des silhouettes assez étranges. Puis les deux autres comédiens, Christian Hecq et Scott Koehler, jouent avec la comédienne danseuse, Alice Osborne. Le basculement dans un univers autre correspond au moment où par le jeu des lumières, les vraies têtes des comédiens prennent la place des corps des marionnettes en continuant
à entraîner la ventriloque. Les corps se morcellent en une sorte de salade niçoise. C’est de ce mélange d’humour et d’absurde que relèvent les êtres humains. Au départ, la ventriloque manipule ses marionnettes qui, quand elles s’échappent, sont rattrapées par les deux comédiens qui, à leur tour, manipulent leurs propres marionnettes, dont les têtes sont semblables à la leur.

« Les personnages deviennent tellement présents qu’ils dépassent leur statut de marionnettes pour devenir brutalement humains. » Philippe Genty

Comment est née cette idée singulière de la démultiplication ?
Ph. G. :
J’avais lu la chronique d’un procès aux Etats-Unis à propos d’un garçon qui avait violé une fille sur un campus. Ce garçon avait explosé en de multiples personnalités, dont un juge, un voyou… Dans ce cas, la personnalité centrale n’accepte pas l’existence des autres, mais les personnages secondaires prennent le dessus et annihilent la figure centrale. Les dessins faits par le sujet souffrant étaient extraordinaires, ils semblaient enfantins ou bien d’une grande habileté, comme s’il ne s’agissait pas du même auteur.
Une impression d’étrangeté et d’insolite qui laisse songeur.

Propos recueillis par Véronique Hotte


Bobiloc, mise en scène Philippe Genty et Mary Underwood, le 11 avril à 21h

A propos de l'événement



x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le Théâtre

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Théâtre