La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -148-Dijon

Paul Fructus : SBAM, une pièce à contretemps

Théâtre de la Catastrophe

Le Théâtre de l’Odéon organise un Cycle consacré à Howard Barker, « l’aboyeur » du théâtre anglais, et invite trois metteurs en scène à explorer son inventivité foisonnante.

Publié le 10 mai 2007

Fondant son écriture sur l’écoute de la parole quotidienne, notamment au sein
du monde du travail, Paul Fructus est parti à la rencontre de femmes qui
témoignent de leurs bonheurs et de leurs chagrins.

SBAM est l’acronyme de Sourire, Bonjour, Au revoir, Merci. Quel est le sens
de ce titre ?

Paul Fructus : J’ai choisi ce titre pour rire et ruer dans les brancards
de la pensée en kit, de la mnémotechnie discount des conseillers en marketing,
pour jeter une petite bombe tragi-comique dans la figure des jeunes (et des
vieux) loups qui hurlent à la une : « CAC 40 ! », « VIP ! », « OMC ! », TPMG ! »
(tout pour ma gueule !).

Qu?est-ce qui se situe au centre de SBAM ?

P. F. : Par les voix de Cricri, jeune femme aux cent boulots et sans
boulot, et de ses copines (une infirmière de nuit, une caissière d’hypermarché,
une guichetière SNCF), SBAM traite de tous les noms une société anonyme : la
France d’aujourd’hui. Une société qui ne veut pas savoir et, donc, accepte une
statistique froide : le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les
moins de 25 ans (et la première chez les 25-30 ans). J’ai écrit SBAM en écho à
ce qui reste, pour moi, la plus belle chanson du monde : Faut vivre, de
Mouloudji, qui dit qu’il faut vivre « malgré l’idéal du jeune temps qui s’est
usé au nerf du temps
 ». SBAM veut être une pièce à contretemps.

« Le théâtre n?est pas fait pour se raconter des histoires mais pour raconter
des histoires. »

Une pièce construite à partir de mots reçus du monde du travail’

P. F. : Oui. Des mots reçus 5 sur 5, confiés par des gens qui savaient
que je les donnerais publiquement à entendre. Ces mots, ces maux, comme ceux des
grands poètes, me tiennent debout. Ils me murmurent à l’oreille que le théâtre
n?est pas fait pour se raconter des histoires mais pour raconter des histoires,
pour tendre, sans être sûr d’y parvenir, vers le lucide, le ludique et ? je vole
cela fraternellement à Jean-Louis Hourdin ? vers le poétique et le politique.

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat

SBAM, texte et mise en scène de Paul Fructus. Les 22, 23 et 24 mai à
21h30. Caserne Heudelet.

A propos de l'événement



x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur le Théâtre

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Théâtre