Partager le cirque au quotidien, Entretien avec Richard Fournier

L’édition 2020 du festival Le Mans fait son Cirque aurait dû se tenir du 19 au 28 juin 2020. Pourquoi avoir opté pour sa transformation en saison et non pour son report ?

Richard Fournier : Les artistes de cirque, dont la période de représentations est essentiellement estivale, sont très impactés par la crise. En proposant aux 21 compagnies programmées dans le cadre du festival 2020 de venir jouer au Mans dans l’année, j’ai voulu minimiser l’impact de la crise sur elles. Les accueillir en saison permet aussi de ne pas léser les artistes que je souhaite inviter pour l’édition 2021, et de ne pas priver le public des rendez-vous prévus. Enfin, cette petite révolution s’inscrit dans la structuration du Pôle régional Cirque Le Mans à laquelle je travaille avec mon équipe depuis 2016. La crise n’a fait qu’accélérer la mise en place d’une saison cirque que nous souhaitions.

En quoi cette saison de cirque va-t-elle transformer l’activité menée à l’année au sein du Pôle ?

R.F. :  Le Pôle régional Cirque Le Mans est composé du festival qui existe depuis 2001 et de la Cité du Cirque où sont accueillies chaque année en résidence entre 25 et 30 compagnies de cirque, et où est aussi implantée une école. Jusque-là, seules des sorties de résidence étaient organisées à l’année. Monter une saison nous permet d’exprimer notre ambition artistique, et aussi d’affirmer l’importance de nos partenariats, que je travaille depuis mon arrivée à renforcer et à diversifier.

« Ancrer le cirque dans la ville, et organiser des rencontres qui s’inscrivent dans la durée »

Comment se traduisent ces partenariats ?

R.F. :  À travers l’accueil de spectacles bien sûr, et aussi par la mise en place de projets collectifs. Entre 2019 et 2021 par exemple, nous accueillons avec trois autres structures – Les Quinconces – L’Espal, Scène Nationale du Mans, La Fonderie et le Théâtre de l’Éphémère – l’ensemble des œuvres de Johann Le Guillerm. Cette initiative a été coordonnée par La Ville du Mans, qui affirme un soutien fort au cirque et au développement du Pôle. Dans la même logique, trois structures ont également accueilli en résidence, coproduit et diffusé le Cirque du Docteur Paradi en 2019. Ce n’est qu’en avançant main dans la main avec un maximum d’autres acteurs que nous pourrons vraiment ancrer le cirque dans la ville, et organiser des rencontres qui s’inscrivent dans la durée.

Un cirque en dur va aussi voir le jour en fin de saison. En quoi cette construction est-elle centrale pour le développement du Pôle ?

R.F. : Cet équipement, dont l’inauguration est prévue au printemps prochain, facilitera la programmation de spectacles en saison. Modulable, il nous permettra aussi de poursuivre notre soutien fort aux spectacles en circulaire. Il sera un lieu d’essai pour les équipes qui souhaitent passer du frontal au circulaire et inversement, et un outil précieux pour les parcours que nous développons autour des artistes accueillis. Toujours dans l’idée de construire une histoire avec les artistes, nous les accompagnons en effet pour nombre d’entre eux sur la durée, à travers des parcours comprenant résidences, créations et actions culturelles. Parmi les compagnies de la saison, c’est le cas de Lunatic, de La Contrebande ou encore de Defracto. Cette saison promet de belles retrouvailles, et ouvre de nouvelles aventures.

Propos recueillis par Anaïs Heluin