Kader Belmoktar et Stracho Temelkovski créent « Ritam »
Le musicien Stracho Temelkovski et le danseur [...]
Pionnier de la scène hip-hop en France, directeur artistique des festivals Karavel, Kalypso et Les Trans’Urbaines, Mourad Merzouki, aujourd’hui à la tête de sa compagnie Käfig après avoir quitté le Centre chorégraphique national de Créteil, nous offre l’occasion de faire le point.
Après votre départ du CCN de Créteil, où en est la compagnie Käfig ?
Mourad Merzouki : Nous avons la chance d’être accueillis au centre chorégraphique Pôle Pik, à Bron, soutien historique du festival Karavel, qui nous met à disposition un espace pour créer. J’ai reconstitué une équipe quasiment identique à celle que j’avais au CCN de Créteil et du Val-de-Marne, ce qui avec autant de spectacles en diffusion représente un challenge. Pôle Pik est un petit espace de création, et j’ai besoin d’un outil plus spacieux, le répertoire mobilisant une cinquantaine de danseurs. Donc l’idée est d’investir la Ferme Berliet à Saint-Priest, où je suis né – une vraie ferme, créée par la famille d’industriels Berliet dans la cité ouvrière où se trouvaient ses usines. Le maire nous a proposé en échange d’un euro symbolique, un bail emphytéotique de quatre-vingt-dix-neuf ans. La rénovation est à notre charge. À ce stade, je ne suis pas encore en mesure de lancer les travaux. J’ai le soutien de la Région et de l’État, mais il me faudrait d’autres sources de financement… J’ai également réussi à maintenir le festival Kalypso en région parisienne, grâce à des partenaires qui me sont restés très fidèles, tout comme le festival Les Trans’urbaines de Clermont-Ferrand qui m’a été confié l’an dernier par son ancienne directrice, Josyane Bardot, et j’en suis très heureux.
À Karavel et à Kalypso, vous présentez une sorte de temps fort consacré à votre répertoire…
M.M. : Faire vivre ce répertoire est une manière de prolonger ce lien que nous entretenons depuis longtemps avec les publics de la région qui me sont très fidèles. Voir que Pixel, qui fête ses dix ans cette année, est déjà complet, que Vertikal qui fait décoller les danseurs dans les airs a toujours autant de succès, que Phénix, une rencontre entre quatre danseurs et un instrument du XVIIe siècle, la viole de gambe, joue à guichet fermé, est non seulement encourageant, mais aussi très émouvant pour l’artiste que je suis.
Comment arrivez-vous à maintenir ce répertoire ?
M.M. : C’est très sportif ! C’est aussi un rythme que j’avais envie de maintenir avec la compagnie Käfig. Quand je parle avec le public à l’issue des représentations, il attend beaucoup de l’énergie qui se dégage des spectacles, de cette approche du corps, de la musique, de la générosité de la chorégraphie. Je ne suis ni un artiste conceptuel, ni un adepte de grands discours. Je crée des pièces avec cette jeunesse, cette pluralité, cette diversité, ce qui est une façon d’aborder des questions sociétales, sans pour autant le souligner trois fois. Il y a un message, porté par cette mosaïque de techniques, de physiques, de musiques, et bien sûr d’interprètes. Chacun de mes spectacles se nourrit de hip-hop, de danse contemporaine, d’acrobatie, à l’image de mon parcours. Et je suis heureux que mes pièces vivent et puissent toucher de nouveaux spectateurs. C’est typiquement le cas de Mozaïk, un spectacle tout terrain à partir d’extraits de mes pièces, créé en mai 2024 au Togo dans le cadre du festival All Star Battle.
Vous présentez aussi votre création, Beauséjour. Quelle est-elle ?
M.M. : La création aura lieu dans le cadre des Trans’Urbaines, à Clermont-Ferrand, puis à la MAC de Créteil dans le cadre de Kalypso. J’ai voulu aborder la question du danseur vieillissant, mais avec humour. J’ai la chance d’avoir pu réunir quinze interprètes. Grâce aux costumes, au grimage, au mouvement, il n’y a plus d’athlètes au plateau, mais des danseurs d’un certain âge, un peu voûtés peut-être, qui auront pris un peu de poids, ce qui, bien sûr, entraîne des conséquences chorégraphiques. J’utilise ces faux corps pour attaquer cette problématique. Je pense que c’est aussi une façon pour moi de préparer le public à voir le danseur hip-hop autrement, grâce à ces attitudes et transformations. Mais bien sûr, les performances physiques continuent à faire partie du spectacle – je ne peux pas m’en passer ! – tout en ayant une lecture un peu différente. Et j’aime que le spectateur aille fouiller son imaginaire pour créer sa propre histoire.
Propos recueillis par Agnès Izrine
Beauséjour, Le Cratère - scène nationale à Alès, du 7 au 9 octobre ; Maison de la Culture, Festival Les Trans’Urbaines, à Clermont-Ferrand, le 9 novembre ; Maison des Arts à Créteil, du 20 au 22 novembre ; Théâtre Edwige Feuillère à Vesoul le 18 mars.
Festival Karavel
Espace Albert Camus
1 rue Maryse Bastié
et Pôle Pik,
2 rue Paul Pic, 69500 Bron.
Du 25 septembre au 27 octobre.
Tél. : 04 72 14 63 40.
Les Trans’Urbaines
Centre du Changil,
13 rue des Quatre Passeports, 63000 Clermont-Ferrand.
Du 5 au 10 novembre.
Tél. : 04 72 14 63 40.
Festival Kalypso.
Mac Créteil
1 Place Salvador Allende, 94000 Créteil.
Tél : 01 45 13 19 19.
kalypsokaravel.com
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