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Focus -268-Théâtre de Sartrouville et des Yvelines

Meaulnes (et nous l’avons été si peu)

Meaulnes (et nous l’avons été si peu) - Critique sortie Théâtre Sartrouville Théâtre de Sartrouville et des Yvelines - Centre Dramatique National.
©DR Nicolas Laurent

D’après Le Grand Meaulnes d’Alain Fournier / adaptation et mes Nicolas Laurent

Publié le 27 août 2018 - N° 268

Nicolas Laurent s’empare très librement du fameux d’Alain Fournier. Un roman d’amour, d’amitié et d’aventure sur la sortie de l’enfance, dont il met en scène la puissance poétique.

Tombé dans le domaine public en 2009, Le Grand Meaulnes a fait l’objet de deux adaptations au cinéma, mais presque jamais au théâtre. Qu’est-ce qui dans cette œuvre, selon vous, résiste au théâtre ?

Nicolas Laurent : C’est un roman on ne peut plus romanesque. En se remémorant son enfance, le narrateur François Seurel convoque une multiplicité de personnages – parmi lesquels le héros éponyme du livre –, de lieux et de situations qu’il est impossible de toutes porter fidèlement sur scène. C’est pourquoi je me sers du texte d’Alain Fournier comme d’un matériau de jeu et que, plutôt que de chercher à en restituer tous les méandres, j’en traduis librement le foisonnement et la poésie. Dans Meaulnes (et nous l’avons été si peu), la fête perdue qui est au centre du roman donne ainsi lieu à une enquête portée par différents types de jeu.

Entre incarnation et mise en abîme, vous jouez aussi sans cesse avec le 4ème mur. Dans quel but ?

N.L : Avec Max Bouvard, Camille Lopez et Paul-Émile Pêtre qui partagent le plateau avec moi qui incarne le rôle du metteur en scène, nous faisons en effet en sorte d’abattre d’abord le 4ème mur, pour mieux le faire renaître ensuite. J’espère de cette manière pouvoir restituer la mélancolie du livre d’Alain Fournier. Car à la fin du roman, Meaulnes a beau se marier avec la jeune fille rencontrée lors de la fête décrite dans la première partie du livre, il finit par la quitter. Tout comme il abandonne François Seurel.

« Je me sers du texte d’Alain Fournier comme d’un matériau de jeu. »

Les trois parties qui composent le roman sont très distinctes. Avez-vous suivi ce découpage ?

N.L : Je privilégie sa première partie, qui est la plus connue car elle repose sur des motifs classiques du récit initiatique : l’école, l’amitié et la fugue, qui débouche sur la découverte d’un Domaine perdu et sur la rencontre de Meaulnes et de sa châtelaine lors de la fameuse fête. La seconde partie est plus onirique : dans une sorte de chasse aux trésors, les personnages y partent à la recherche de l’étrange souvenir de Meaulnes. Dans mon adaptation, cette partie est l’occasion d’ouvrir une mise en abîme. De donner à voir l’adaptation en train de se faire, et les difficultés rencontrées dans le projet.

Comment comptez-vous donner à sentir l’ambiance si particulière du roman ?

N.L : C’est elle, avant tout, qui est à l’origine de ce projet. La lecture du Grand Meaulnes laisse en général un sentiment d’évanescent que je trouve fascinant. Plusieurs personnes m’ont décrit cette impression comme de la brume sur un lac. C’est un peu l’ambiance que je tente d’obtenir sur le plateau, notamment grâce à la vidéo. Tantôt poétique, tantôt documentaire, elle permet de multiplier les points de vue et de créer des espaces. La forêt démontable conçue par Marion Gervais, la scénographe, joue aussi un rôle central dans la recherche d’une atmosphère singulière. Elle permet aux personnages de se révéler. Elle est l’écrin d’une mélancolie que je veux absurde et drolatique. Car on va aussi s’amuser dans cette pièce, sans doute pour mieux retrouver le tragique.

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Meaulnes (et nous l’avons été si peu)
du jeudi 14 février 2019 au samedi 16 février 2019
Théâtre de Sartrouville et des Yvelines - Centre Dramatique National.
Place Jacques Brel, 78500 Sartrouville.

Tél : 01 30 86 77 79.

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