Martine Schambacher : Ramuz, un peintre qui écrit

« Ramuz réveille en moi une incroyable envie de vivre, de rencontrer, de
créer, que je voulais partager avec le public. Il écrit comme on peint,
juxtaposant les êtres et les choses à la façon des couleurs, laissant le lecteur
aussi libre de son regard que devant une toile. Cette manière si singulière,
très moderne, de tenir ensemble le vivant et la nature, les objets et les gens,
rend compte d’une matérialité du monde qui porte des résonances philosophiques.
C’est un Cézanne qui écrit. Il a réinventé les formes de la langue, souvent en
détournant des mots de leur usage commun par des associations inédites,
surprenantes, tout en les rendant si précis pour décrire les sensations qu’il
oblige à reconsidérer le point de vue. Pour le choix des textes, j’ai pioché
dans trois nouvelles, dans des réflexions sur le monde et sur la création
artistique, délaissant les romans. Le questionnement sur l’art de raconter des
histoires, sur l’impulsion originelle qui nous pousse vers le métier de
comédien, trace une ligne de fuite. J’ai en effet trouvé dans sa quête de sa
propre langue un écho à ma recherche sur le langage scénique. Nous avons
reconstitué un petit théâtre de tréteaux, très simple, pour que cette parole
sensible, bouleversante, se glisse au c’ur des spectateurs. »

Propos recueillis par Gwénola David

Les uns à côté des autres, d’après Charles-Ferdinand Ramuz ; mise en
scène de François Chattot. Du 19 au 22 mai. Le 19 à 19h30, le 20 à 17h,
le 21 à 21h et le 22 à 19h30 Parvis Saint-Jean.