Marc Paquien
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Publié le 10 novembre 2008
Une passionnante expérimentation de la fiction
Familier de l’univers de Martin Crimp, Marc Paquien met en scène son dernier texte, La Ville.
« Les pièces de Martin Crimp constituent des mondes abstraits. Ce sont des fictions qui se créent et s’inventent au fur et à mesure de l’écriture, il n’y pas d’histoire à proprement parler, juste un embryon qui devient une immense fiction. Dans La Ville, il expérimente encore plus en direct ce qu’est la fiction car il met en avant un personnage de femme, Claire, qui est traductrice et voudrait écrire. Elle évoque pour moi les grandes héroïnes de la littérature anglaise. La pièce est une tragédie qui raconte la douleur d’une femme qui n’arrive pas à se réaliser. Selon une problématique presque woolfienne, la pièce demande si on existe quand on est ce qu’on veut être ou quand on est pris dans le regard de l’autre. En définitive nous ne sommes nous-mêmes que des personnages de fiction, pris dans la fiction du regard de l’autre et dans la fiction planétaire qui nous entoure, où rôdent la guerre et le terrorisme. La pièce est aussi une sorte de comédie anglaise. Claire est en train d’écrire la pièce qu’on est en train de voir, elle recrée notre monde. Cette écriture extraordinaire et ludique n’a pas de mystère caché, il n’y de sens que dans ce qui est écrit. »
Propos recueillis par Agnès Santi
La Ville de Martin Crimp ; mise en scène Marc Paquien. Du 17 au 21 mars 2009. Grande salle, Lille.