La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -225-Nouveau Théâtre de Montreuil

Les Palmiers sauvages

Les Palmiers sauvages - Critique sortie Théâtre Montreuil Nouveau Théâtre de Montreuil
© D. R.

D’après William Faulkner / mes Séverine Chavrier

Publié le 29 octobre 2014 - N° 225

Après avoir répété à Besançon et créé à Vidy Lausanne, Séverine Chavrier s’installe début décembre à Montreuil, pour un théâtre où le son dessine les contours de la chair amoureuse.

« Un grand texte sur l’amour et un essai formel très poussé. »

Pourquoi adapter Faulkner ?

Séverine Chavrier : Cela fait un moment que je traîne avec lui, notamment à cause du son, omniprésent dans son œuvre : du Bruit et la fureur avec son premier chapitre hanté par les cris de Benjy, à Tandis que j’agonise où la construction du cercueil habite toute la première partie. Dans Les Palmiers sauvages, il écrit beaucoup sur le bruit du vent, qui apparaît comme une prémonition permanente. Peu d’auteurs mettent ainsi en jeu le son dans leurs écrits. J’aime aussi ce qu’il dit aussi sur les femmes, qui ne relève pas de la misogynie, comme on le dit souvent, mais d’une véritable compassion. Il donne sa chance à chaque courant de conscience et à ses moments de lucidité : son écriture hyper rapide fait décoller du réel. Toutes ces caractéristiques sont autant des enjeux que des défis pour la scène. En même temps, après mes précédents spectacles, je voulais revenir à l’intime. C’est pour cela que j’ai choisi le seul roman excentré où il parle de lui, qui est à la fois un grand texte sur l’amour et un essai formel très poussé.

De quoi parle ce roman ?

S. C. : C’est un roman qui parle beaucoup de la captivité de ses idéaux, de ses valeurs. Est-ce qu’on est assez fort pour la liberté ? Lui ne rêve que de retourner à sa captivité première ; elle crée sa propre liberté, voulue comme une lune de miel continue. D’où leur fuite permanente, dans le fantasme d’un face-à-face exclusif, régressif et anxiogène. Quand on aime vraiment, on se retrouve face au vide. Elle est d’une brutalité tendre, elle tient son cap, n’est pas très loquace, mais agit ; lui est toujours en retard, ne comprend pas ou trop tard, croit que le manque d’argent est l’essentiel. Un mur s’installe progressivement entre eux. Nous avons créé un espace de vie et des dialogues qui n’existent pas dans le roman. Il y avait tout à inventer : ce qui est écrit, c’est leur fugue.

Quelle place accordez-vous au son et à la musique dans ce spectacle ?

S. C. : Le monde extérieur et la nature sont autour d’eux comme une menace. Comment faire exister le hors-champ sinon par le son ? Il y a le vent, la menace du vent. J’ai voulu beaucoup de sons, des enregistrements, des sons polyphoniques ; on a travaillé les différents niveaux de voix. Toute cette parole après l’amour, dans la nuit, le noir, du chuchotement jusqu’au cri : comment la dire ? La voix théâtrale est souvent forcée, écrasée, uniforme : je voulais qu’on entende tous les niveaux qui font une voix. Il y a une musicalité de l’ensemble. Musique, sons et jeu vont ensemble. La musicalité est un peu partout, et il y a du son partout.

 

Propos recueillis par Catherine Robert

 

Macbeth (mes Brett Bailey), du 18 au 22 novembre. Bal.exe d’Anne Nguyen, du 5 au 15 novembre. Les Palmiers sauvages (d’après Faulkner / mes Séverine Chavrier), du 1er au 12 décembre. Ajax / Qu’on me donne un ennemi (textes de Heiner Müller orchestrés par Mathieu Bauer), du 2 au 6 décembre (possibilité de voir le même soir Ajax et Les Palmiers sauvages). Gonzo conférence (de Fanny de Chaillé), suivi d’un Tremplin rock, du 18 au 20 décembre. The Haunting Melody (d’après Peter Szendy, mes Mathieu Bauer),  du 22 janvier au 14 février. Le Dieu bonheur + Greffes (textes de Heiner Müller, mes Alexis Forestier), du 22 janvier au 1er février à L’Echangeur de Bagnolet. Trio 2014 (Urszula Mikos), du 24 au 27 janvier.

A propos de l'événement

Les Palmiers sauvages
du lundi 1 décembre 2014 au vendredi 12 décembre 2014
Nouveau Théâtre de Montreuil
10 Place Jean Jaurès, 93100 Montreuil, France

Mesure pour mesure – Temps fort de théâtre musical. Du 5 novembre 2014 au 14 février 2015. Nouveau théâtre de Montreuil – Centre dramatique national, 10, place Jean-Jaurès, 93100 Montreuil. Tél. : 01 48 70 48 90.

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